Résumé de la 1re partie - Jocelyne, fascinée par le jeune curé du village, se met à fréquenter de façon assidue l'église afin d'attirer l'attention de l'abbé Martin... Alors, Jocelyne se confesse. Elle le fait d'une voix craintive et langoureuse à la fois. — Si je suis ici, mon père, c'est pour échapper à mes tourments. — Quels tourments ? — Ceux de la chair. Je suis prise de terribles désirs. — A votre âge, c'est normal, ma fille. Vous trouverez un garçon avec qui vous fonderez un foyer. Mais Jocelyne dément, d'un air apeuré : — Non, ce n'est pas cela. Aucun garçon ne me plaît. C'est l'acte lui-même qui m'attire. Mon père, j'ai peur de devenir... une femme de mauvaise vie. Parfois, il me prend l'envie de quitter le village pour aller à Toulouse ou même à Paris et, là bas... — Vous n'y songez pas, malheureuse ? — Si, mon père. Et c'est la raison de ma présence à l'église. Auprès de Dieu et... de vous, je me sens protégée. C'est ainsi, peu à peu, pour sauver ce qu'il croit être une âme en danger, que l'abbé Martin s'intéresse de plus près à sa jeune paroissienne. Leurs conversations deviennent plus fréquentes, plus intimes, avant de devenir tendres. Oh, cela ne se produit pas en un jour ! L'abbé est sérieux et Jocelyne est patiente ; on pourrait même dire acharnée. Elle met trois ans, oui trois ans, qu'elle prend à sa jeunesse, à sa vie de femme, pour parvenir à ses fins, pour gagner son pari ! Enfin, quand elle sent le moment venu, elle prend l'initiative, brutalement, effrontément. L'abbé Martin cède d'un seul coup. C'est la faute et bientôt le scandale, car la jeune fille rend leur liaison publique et réclame réparation. — Il m'a séduite sans que je m'en aperçoive. C'étaient des sourires par-ci, des mots gentils par-là. Ce n'aurait pas été un curé, je me serais méfiée, mais évidemment... Par chance pour le jeune ecclésiastique, Jocelyne a vingt-trois ans. Il n'est donc pas poursuivi en justice pour détournement de mineures, mais c'est presque aussi terrible pour lui. Destitué par ses supérieurs, prêtre défroqué, homme déshonoré, il se voit contraint d'épouser son ex-paroissienne. A la mairie, seulement, bien sûr; plus question d'église. Encore pourrait-il se dire qu'il n'avait pas la vocation, qu'il s'était trompé de voie et qu'il est au début d'une nouvelle vie. Malheureusement pour lui, le pire est à venir. Trois jours plus tard seulement, il voit sa femme faire ses valises. Elle n'a plus rien de ses allures sages. Elle s'est acheté une nouvelle robe particulièrement provocante ; elle est de nouveau maquillée. — Qu'est-ce que tu fais ? Jocelyne lui répond d'un ton parfaitement calme : — Je te quitte. — Qu'est-ce que tu dis ? — Je te quitte. Je vais à Paris tenter ma chance. Tu ne croyais tout de même pas que j'allais passer toute ma vie avec un ancien cureton ! Il y a un silence abasourdi, suivi d'une question bredouillée de manière presque inaudible : — Et moi ? — Quoi, toi ? — Moi, qu'est-ce que je vais devenir ? — Ça m'est égal. Ce que tu voudras... Tu peux demander le divorce si tu veux ! (A suivre...)