Résumé de la 79e partie ■ Quand Claire découvrit que son protecteur l'avait bernée c'était trop tard, car il était mort... Dites-moi, Claire, j'ai finalement reçu la lettre de l'association de placement. Elle est arrivée hier. J'ai lu dedans que vous aviez servi chez le curé de Saint-Jean, près de Brignoles. — J'y suis restée un an. Il est mort il y aura bientôt deux mois. — Et avant, où étiez-vous? — Je vivais chez une grand-tante, qui habitait Saint-Jean. Claire ne mentait qu'à moitié. Après son départ de Marseille, elle s'était souvenue de l'existence de cette parente, sœur de sa grand-mère paternelle, chez qui elle passait ses vacances quand elle était enfant mais qu'elle n'avait pas revue, depuis des années. C'était une brave femme qui n'avait jamais quitté son village natal et qui, après la mort de son mari, était entrée au service du curé du village. Bien sûr, elle ignorait tout de la vie qu'avait menée sa petite-nièce... Quand Claire était revenue auprès d'elle, la vieille femme s'occupait toujours de la cure, mais ses forces déclinaient. Aussi avait-elle proposé à sa petite-nièce de prendre la relève. Quand Claire avait objecté qu'elle n'avait jamais été bonne de curé et qu'elle ne connaissait rien de cette fonction, la tante s'était écriée : — Etre bonne de curé, ce n'est pas un métier ! C'est un apostolat ! Servir l'Eglise, c'est servir Dieu. Or, j'ai l'impression, depuis que tu es revenue ici, que tu cherches à te rapprocher de Lui. J'ai tort ? Devant le silence de sa nièce, qui ressemblait fort à un assentiment, la vieille femme avait alors entrepris de former Claire à sa nouvelle existence. Trois mois plus tard, la tante était morte d'une angine de poitrine. Elle avait laissé à Claire sa petite maison et la place auprès du curé de SaintJean. Et voilà comment l'ancienne prostituée de Marseille s'était retrouvée bonne de curé ! Les jours s'écoulaient paisiblement pour l'abbé Plançon et sa nouvelle bonne. Claire ne se contentait pas seulement des travaux domestiques ; elle secondait le curé de bien des façons. Quand les gens du pays l'avaient découverte, un matin, dans le jardin, occupée à soigner les roses - tâche que jamais le prêtre n'avait consenti à confier à quelqu'un d'autre que lui !- ils s'étaient mis à jaser. Ce dont les intéressés ne s'étaient guère souciés... Dans ce charmant petit presbytère envahi par les fleurs et auprès d'un homme qui n'était que bonté et pureté, Claire avait commencé à savourer un bonheur qu'elle n'osait plus espérer. Quant au prêtre, c'était bien la première fois qu'une présence féminine ne lui pesait pas. Elle sentait d'instinct quand le curé désirait être seul ou, au contraire, quand il souhaitait sa présence. Le soir, il leur arrivait d'écouter ensemble de la musique classique sur le vieux tourne-disque qu'une paroissienne avait un jour offert au prêtre. Claire n'avait aucune culture musicale, mais en découvrant Bach et Mozart, elle avait trouvé une nouvelle source d'apaisement; D'autres soirs, le curé lui racontait les histoires du pays. A suivre