Récit n Trois années après les premiers troubles, les nonnes – dix jeunes religieuses, âgées entre dix-huit et trente ans – s'agitent de nouveau. En 1632, au couvent des Ursulines de Louvain, les nonnes sont en proie à une crise d'hystérie. — Le diable ! le diable ! La mère supérieure et le confesseur, Urbain Grandier, accourent. — Le diable est là ! crient les sœurs. La mère supérieure tente de calmer les filles. — Ici, c'est la maison sacrée de Dieu, il n'y a pas de place pour le diable ! Le confesseur également tente de ramener le calme. — N'ayez crainte, si diable, il y a, nous le chasserons ! Loudun est une petite ville, près de Poitiers, mais en ce XVIIe siècle, elle avait la particularité d'être protestante. C'était même le bastion le plus protestant de la France où la guerre des religions a fait beaucoup de dégâts. Les autorités, en la personne de Richelieu, conseiller du roi, a juré d'abattre cette ville qu'il considérait comme rebelle. Il crée une ville-garnison, non loin d'elle, et la fait surveiller. On le soupçonne d'être à l'origine des troubles qui vont secouer Loudun. Trois années après les premiers troubles, les nonnes – dix jeunes religieuses, âgées entre dix-huit et trente ans – s'agitent de nouveau : — Le diable revient ! Le confesseur n'est pas là, cette fois-ci, et quelques nonnes l'accusent : — C'est lui qui nous a introduit le diable ! — Ce prêtre est un déluré ! Urbain Grandier, qui n'était au courant de rien, est le curé de Saint Pierre. Il vaquait à ses affaires, dans son presbytère, quand la police vient le chercher. Vous êtes bien Urbain Grandier ? — Oui, dit le curé, sans méfiance. Des mains se saisissent de lui aussitôt. — Vous êtes en état d'arrestation ! On le conduit aussitôt au siège de l'Inquisition, le terrible tribunal religieux, chargé de traiter des hérésies, de la sorcellerie et de tout ce qui pouvait porter atteinte à la religion catholique. Comme Grandier refusait de reconnaître qu'il a introduit le diable dans le corps des jeunes ursulines, il reçoit la «question», c'est-à-dire qu'il est affreusement torturé. — Reconnais que tu t'es ligué avec les protestants pour nuire à notre Sainte Mère l'Eglise ! — Je n'ai rien fait de cela ! — Reconnais que tu convoites depuis longtemps les religieuses ! — Je n'en ai pas le droit ! — Si nous avons déjà des rapports sur ton comportement, tu n'es qu'un libertin ! Tu regardes trop les femmes des paroissiens et tu te comportes avec mansuétude avec les protestants ! Tu recevras le juste châtiment que tu mérites ! Il est aussitôt jeté en prison, en attendant son procès. Un procès qui promet d'être retentissant et un exemple pour les libertins et les protestants ! (à suivre...)