Résumé de la 82e partie ■ En voyant le poissonnier, Claire a immédiatement reconnu son dernier client.., celui dont elle avait délesté le portefeuille. Elle-se doutait bien que celui qui l'avait reconnue ne tarderait pas à la démasquer. Que faire ? Tout avouer au prêtre ? Non ! Elle risquait de perdre son estime, ce qu'elle ne voulait à aucun prix. Mais alors, quelle solution adopter ? Fallait-il partir, quitter ce petit village, et cette maison où elle avait enfin trouvé le bonheur et la paix ? Une lettre adressée à «Madame la bonne du curé de Saint-Firmin» avait mis fin à son cas de conscience. Cette lettre disait : «Voleuse ! Je t'ai reconnue malgré ton accoutrement de bigote. Je pourrais te dénoncer, si je voulais. Mais je vais te donner une chance, à condition que tu te montres très gentille avec moi. Je t'attendrai vendredi prochain, après le marché, à quatorze heures, dans ma camionnette. Je serai garé à l'intersection de la départementale et du chemin qui mène au torrent de Maupas. Si tu ne viens pas, je te garantis que tu ne conserveras pas longtemps tes nouvelles fonctions.» Ce n'était évidemment pas signé. Et le vendredi suivant, aussitôt le repas du curé terminé, Claire avait emprunté sa bicyclette, sous prétexte d'une course à faire, pour se rendre au rendez-vous du poissonnier. Depuis l'arrivée de la nouvelle bonne du curé, la veuve du notaire était dévorée par la jalousie. Tous les jours elle pouvait voir cette Claire s'occuper des roses du prêtre, ce qu'il lui avait toujours refusé, à elle, Angèle Pelletier ! Quels pouvaient être les rapports de l'ecclésiastique et de sa servante, dans l'intimité du presbytère ? On disait le curé un homme vertueux, mais l'était-il vraiment ? Un homme qui chérissait autant les roses était très certainement accessible aux plaisirs de la chair... Plus elle y pensait, et plus la veuve était persuadée que cette Claire Verier n'était pas aussi catholique qu'elle voulait le faire croire. Sa démarche, par exemple, était trop souple et trop fière, par rapport à sa condition. Et ses yeux ! Elle avait beau les tenir baissés, elle ne parvenait pas à en cacher l'éclat inquié-tant ! Sous son apparence de modestie, Claire Verier devait cacher une autre personnalité. Et Angèle Pelletier était bien décidée à savoir laquelle ! Un jour que le curé était parti célébrer la messe dans un village voisin, la veuve du notaire s'était présentée au presbytère sous prétexte d'offrir au prêtre un disque de Bach. Sans hésiter, elle avait poussé la porte restée entrouverte et pénétré dans la pièce qui servait de salon. Claire, qui avait profité de ce moment de liberté pour se laver les cheveux, était sortie du cabinet de toilette en entendant du bruit. Devant le spectacle de la bonne du curé en peignoir léger et les cheveux cascadant sur ses reins, la veuve du notaire avait cru suffoquer ! Elle avait déposé son disque sans dire un mot puis elle s'était enfuie comme si elle avait vu le diable. A suivre