Résumé de la 87e partie ■ Le prêtre était sans nouvelles de Claire jusqu'au jour où il reçut une lettre d'elle l'invitant à passer la voir. Le pensionnat, le mariage, le veuvage, les années de prostitution à Marseille, l'arrivée puis la mort du «beau Fernand», la dégringolade, l'occupation de l'église et enfin ce dernier client, un poissonnier, qu'elle avait détroussé avant de changer de vie et de retrouver enfin le droit chemin en devenant, à l'exemple de sa grand-tante, bonne de curé. Et puis, il y avait eu la malchance : la rencontre avec le poissonnier à Vilefort, ses menaces, le rendez-vous auquel elle s'était rendue, près du torrent de Maupas. — Quand je l'ai vu, m'attendant calmement dans sa camionnette, tellement persuadé que je viendrais parce que j'avais peur de lui, j'ai perdu tout contrôle de moi-même. Il m'a agrippée pour me serrer contre lui et j'ai aussitôt résisté. Nous nous sommes débattus. J'ai pu saisir l'un de ses couteaux qui lui servait à débiter le poisson et j'ai frappé au hasard, dans son dos. Il s'est écroulé instantanément, en battant l'air de ses bras, comme un pantin désarticulé, les yeux exorbités. Voilà toute mon histoire, monsieur le curé. Elle s'était enfin arrêtée de parler. Elle était haletante. — Calmez-vous, Claire ! avait ordonné le prêtre. Et écoutez-moi. Que s'est-il passé dans votre esprit au moment où vous avez agi ? — Ce qui s'est passé ? Je me suis dit que ce monstre devait disparaître pour éviter que l'amour très pur qui nous avait rapprochés ne sombre dans le scandale. Je sais bien que cela doit vous sembler effroyable, mais tant pis ! Je ne regrette pas mon geste. Il a permis de sauver ce merveilleux secret que nous avons réussi à garder, l'un et l'autre, enfoui dans notre cœur et sans même nous l'être livré réciproquement. — Vous avez donc été capable d'aimer d'une façon aussi sincère et désintéressée ? — Je crois que oui... Et je continuerai à vous aimer de la même manière. Pour ne pas désobéir à la loi divine. Croyez-vous que le Bon Dieu puisse me reprocher ce que j'ai fait ? — J'ignore ce qu'Il peut penser de cela. Nous ne le saurons que le jour où Il nous jugera. Mais je crois que, dans Sa clémence infinie, Il vous accordera sans doute des circonstances atténuantes que ne vous aurait peut-être pas octroyées la justice humaine si vous aviez eu à comparaître devant elle.. Car vous êtes coupable d'un meurtre, Claire ! Ne l'oubliez jamais ! Ce n'est pas à moi de le révéler ici-bas, mais il vous faut quand même expier votre acte. — Que dois-je faire, monsieur le curé ? — Demander pardon à Dieu matin et soir par la prière et vous consacrer pour tout le reste de votre vie à une œuvre qui Lui prouvera que vous êtes devenue une femme de bonne volonté. — C'est là mon plus profond désir. Quelle œuvre me conseillez-vous ? A suivre