Annonce «Une marche aura lieu le 5 octobre prochain, vers la présidence et ensuite vers le siège de l?ONU à Alger, avec ou sans l?accord des autorités.» C?est ce qu?a déclaré, hier, Mme Nacéra Dutour, porte-parole de SOS Disparus lors d?une conférence de presse. «Si l?Etat ne veut pas nous répondre, nous nous adresserons pour la énième fois aux institutions internationales», a-t-elle ajouté. Les deux associations s?accordent à dire : «Nous ne renoncerons pas à notre sang.» Pour expliquer le lien qui a réuni, pour la première fois, les deux associations, Merabet, président de Soumoud a noté que «le silence de l?Etat nous a poussés à travailler en étroite collaboration avec SOS Disparus». Soumoud est l?association des familles des disparus enlevés par les Groupes islamiques armés (les GIA). Son président s?est interrogé : «Qui aurait imaginé que Soumoud recevrait des terroristes, des repentis et des familles de terroristes ?» «Personne», a-t-il répondu. «SOS Disparus regroupe les familles des disparus enlevés par les terroristes, ceux enlevés par les services de sécurité et enfin ceux dont la disparition remonte aux événements d?octobre 88», a précisé la présidente de cette association. Les deux associations réclament l?ouverture des charniers à titre «humanitaire», car, selon le président de Soumoud, «l?Etat fait de la politique avec les charniers». «L?ouverture doit être publique. Nous voulons nos ossements et non pas des cercueils vides.» A l?adresse du président de la République, il martèlera : «Si vous voulez régler vraiment ce problème, vous n?avez pas besoin de vous référer à une commission.» Pour sa part, Mme Houria Akel, secrétaire générale de SOS Disparus soulignera : «Nos enfants sont otages de l?Etat. L?Etat essaye d?étouffer le dossier des disparus.» Pour argumenter cette thèse, Hacène Ferhati, membre de SOS Disparus, a affirmé que «M. Boucetta, SG de la Commission nationale consultative de protection et promotion des droits de l?Homme (Cncppdh), exerce des pressions sur les familles reçues pour signer un document pour l?indemnisation. Or, il était question d?une aide sociale au départ. On ne retrouve nulle part le mot ??aide sociale??», mais : «La famille du disparu accepterait-elle une indemnisation susceptible de lui être proposé par l?Etat ?» Sur ce document, on lit aussi «Fiche de recensement». Mme Dutour, porte-parole de SOS Disparus, a dressé un «constat» : «Nous sommes victimes du terrorisme islamique et du terrorisme d?Etat. On veut nous faire oublier notre tragédie. On veut tourner la page. La société civile et les partis politiques continuent leur route sans se préoccuper de ce qui s?est passé durant la décennie noire.» Enfin, à propos de la réconciliation nationale, M. Merabet n?est pas contre, mais pas «sans passer par la justice». «Je n?ai plus de haine envers ceux qui ont enlevé mes deux frères. J?ai de la haine envers l?Etat qui se sert de nous», affirme-t-il. Mme Dutour préfère, elle, parler de «reconstruction».