Avertissement ■ Nous vivons un climat de crise semblable à celui de 1986, qui avait précédé le séisme de 1988, a averti Ali Benouari, ancien ministre des Finances, lors d'un entretien télévisé. «En quelques semaines les prix du pétrole sur le marché ont baissé de plus de 40%. Cette baisse est due à des raisons politiques et géo-stratégiques en Iran, Venezuela et Algérie. Dans son intervention, M. Benouari a rappelé que «les experts algériens n'ont cessé d'attirer l'attention du pouvoir sur la gravité de dépendance de notre économie de l'exportation des hydrocarbures et sur la mauvaise gestion des ressources financières». Abordant les assu-rances du ministre des Finances au sujet de la chute des prix du pétrole, l'ancien ministre a été catégorique. «L'Algérie se dirige vers une faillite certaine. Les réserves de changes, dont dispose l'Algérie -environ 200 milliards de dollars- sur lesquelles compte notre gouvernement, peuvent maintenir le rythme des dépen-ses pour deux ou trois ans seulement.» Pour éviter cette faillite, «l'Etat doit engager des réformes politiques et économiques», conseille-t-il. Selon M. Benouari, nos gouvernants n'ont «rien retenu du passé.» Dans une situation de crise, les marchés financiers nous seront fermés. Si on leur demande un prêt, «ils nous diront allez voir le FMI.» En 2008, les membres de l'OPEC se sont réunis à Oran, après une chute des prix du pétrole. Au terme de cette réunion, il a été décidé de réduire la production, ce qui a permis aux prix d'augmenter. Cela a fait éviter aux pays exportateurs, dont l'Algérie, une grave crise économique. Mais la récente réunion de Genève a essuyé un échec à cause du contexte politique au Moyen-Orient, explique M. Benouari. De son côté, Abdelmadjid Attar, qui était l'invité de la Radio FM, ne considère pas du tout que la politique budgétaire mise en œuvre par le gouvernement soit placée sous le signe de la «prudence», ainsi que l'affirmait voici quelques jours le mi-nistre des Finances. Pour l'ancien ministre et ex-PDG de Sonatrach, les dépenses des derniers budgets de l'Etat sont basés en réalité sur un baril à 100 dollars et non pas sur le prix de référence de 37 dollars évoqué par le ministre des Finances, Mohammed Djellab. En 2015, estime l'ancien PDG de Sonatrach, «avec un prix moyen du baril qui pourrait être proche de 70 dollars c'est un manque à gagner de 30% qui pourrait être enregistré par la fisca-lité pétrolière par rapport aux prévisions de la loi de finances qui vient d'être adoptée». Selon M.Attar, le ministre des Finances est aujourd'hui à l'aise «par ce qu'il dispose d'un matelas financier pour boucler 2014 et 2015, mais une politique vraiment prudente est une politique qui voit loin et qui élabore des scénarios pour les moyen et long termes» «On a attendu 10 ans pour se décider à imposer des quotas d'importation de véhicules GPL. Il faut maintenant agir pour nous rapprocher de la vérité des prix à travers une augmentation progressive et échelonnée qui nous permettra de mieux maîtriser la croissance de la consommation et de mettre fin au gaspillage et aux différents trafics», recommande-t-il.