Réaction ■ Sofiane Feghouli a jeté un pavé dans la mare. Il a parlé sans ambages du problème existentiel des binationaux, qu'il considère comme lésés dans la société française. Le joueur algérien, que la France du foot regrette à l'image aussi de Brahimi et d'autres joueurs qui font le bonheur des autres sélections, explique sans détour pourquoi il a choisi de représenter les Fennecs. Pour Feghouli, il n'y avait pas de choix à faire car il se sentait dès le début algérien. «Mes parents sont Algériens. Je suis né en banlieue parisienne mais j'ai grandi avec une culture algérienne à la maison. Cet attachement, il s'est fait de manière très naturelle. Après, je suis français aussi, j'ai profité de la superbe formation à la française mais, voilà, j'ai appris au fil de ma vie l'histoire des deux pays et, ce que je ressens, ça va au-delà du football. Avec tout ce que j'ai vécu, je ne me sens pas pleinement intégré au sein de la société française, et le choix de l'Algérie, c'est celui du cœur. Je me sens algérien, tout simplement», a-t-il déclaré dans une interview parue dans les colonnes de L'Equipe. Sofiane Feghouli, qu'Infosoir avait interviewé en 2009 lorsqu'il évoluait à Grenoble, avait déjà donné un aperçu sur son choix sportif. Mais depuis 2012, il porte le maillot de la sélection nationale d'Algérie. Un choix fort pour le pensionnaire de Valence qui n'était pas encore le joueur aussi courtisé qu'il est aujourd'hui. Le joueur algérien est né en France et fait partie de ce nouveau phénomène qui fait tant parler dans la planète du football. Dans son interview à L'Equipe, Feghouli parle d'un sentiment de mal-être vis-à-vis de la société française. Un malaise qui ramène forcément au climat social actuel régnant en France. «Quand je vois l'état de la société française et ce qu'il s'y passe, je n'ai pas besoin de rentrer dans les détails... On constate les problèmes qu'il y a vis-à-vis des Maghrébins, des Africains... Nos grands-parents ont combattu pour la France, mais je ne ressens aucune reconnaissance. Il faut toujours faire le double ou le triple pour espérer acquérir un quelconque mérite. Voilà, il y a plein de problématiques qui m'empêchent de me sentir pleinement intégré et heureux au sein de la société française. (...) Après, j'espère que la cinquième ou la sixième génération issue de l'immigration pourra se sentir pleinement intégrée et qu'elle partira à chances égales. Et pas seulement dans le football, mais aussi dans le monde du travail, dans la politique ou à la télévision, où on fait appel à des personnes dans lesquelles on ne se reconnaît pas... Mais, aujourd'hui, il y a un mélange de différentes choses qui me fait penser que la France a un gros problème avec ses binationaux», a-t-il souligné. Le milieu de terrain des Verts a remis sur la table l'histoire des quotas qui a fait couler beaucoup d'encre en 2011. Ce scandale avait, d'ailleurs, mis très mal à l'aise la Fédération française de football qui avait voulu limiter le pourcentage des binationaux au sein des centres de formation pour ne pas les voir ensuite filer vers d'autres sélections. «Il y a différents épisodes, comme celui des quotas, qui sont décevants et qui n'aident pas à renforcer les liens. J'aimerais vivre dans un monde meilleur, donc si, en tant que binational, je peux être un exemple pour la société, je le serais avec plaisir», avait-il souligné entre autre.