Le stratège de la sélection nationale, Sofiane Feghouli, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour expliquer son choix pour l'Algérie, alors qu'il avait la possibilité de faire partie de l'équipe de France. Lorsqu'on lui a posé la question sur le choix de la sélection algérienne dans une interview accordée au journal spécialisé français L'Equipe, Feghouli s'est voulu clair et précis : "Je ne me sens pas pleinement intégré dans la société française", a-t-il déclaré car, au-delà d'un challenge sportif, le jeune natif de la région de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) ne nie pas avoir reçu une "superbe formation française", mais lorsqu'il était question de faire un choix entre l'Algérie et la France, Feghouli a fait confiance à son cœur. "Mes parents sont Algériens. Je suis né en banlieue parisienne, mais j'ai grandi avec une culture algérienne à la maison. Cet attachement s'est fait de manière très naturelle. Après, je suis Français aussi, j'ai profité de la superbe formation à la française, mais voilà, j'ai appris, au fil de la vie, l'histoire des deux pays, et ce que je ressens va au-delà du football", a-t-il souligné avant d'avouer clairement : "Avec tout ce que j'ai vécu, je ne me sens pas pleinement intégré au sein de la société française, et le choix de l'Algérie, c'est celui du cœur." "Je me sens Algérien, tout simplement", martèle-t-il. Feghouli estime qu'"il faut toujours faire le double ou le triple pour obtenir un quelconque mérite". Et d'ajouter : "Quand je vois l'état de la société française et ce qui s'y passe, je n'ai pas besoin de rentrer dans les détails... On constate les problèmes qu'il y a vis-à-vis des Maghrébins, des Africains... Nos grands-parents ont combattu pour la France, mais je ne ressens aucune reconnaissance... Voilà, il y a plein de problématiques qui m'empêchent de me sentir pleinement intégré et heureux au sein de la société française. (...) Après, j'espère que la cinquième ou la sixième génération issue de l'immigration pourra se sentir pleinement intégrée et qu'elle partira à chances égales. Et pas seulement dans le football, mais aussi dans le monde du travail, dans la politique ou à la télévision, où l'on fait appel à des personnes dans lesquelles on ne se reconnaît pas... Mais aujourd'hui, il y a un mélange de différentes choses qui me font penser que la France a un gros problème avec ses binationaux." Feghouli concède que l'exemple Zidane l'a fait "rêver", mais qu'on est aujourd'hui loin de cet idéal d'intégration, et l'histoire des quotas en 2011 au sein de la Fédération française de football (FFF), cette dernière, désireuse de diminuer le risque de voir des jeunes formés en France partir briller pour d'autres sélections nationales, avait donc limité à 30% le pourcentage des binationaux au sein des centres de formation, alors que Feghouli n'avait pas encore choisi à cette période entre les Bleus et les Verts. "L'histoire des quotas fait partie des épisodes qui sont décevants et qui n'aident pas à renforcer les liens. J'aimerais vivre dans un monde meilleur, donc si, en tant que binational, je peux être un exemple pour la société, je le serai avec plaisir", dira Feghouli. Voilà une opinion qui va probablement faire réfléchir Fekir et autres binationaux qui hésitent toujours à faire un choix entre les deux sélections. A. I.