Parcours ■ Fruit d'une alliance allant de la gauche traditionnelle à l'extrême gauche, en passant par des écologistes, l'émergence de Syriza a été longue et progressive. Alexis Tsipras, 40 ans, président du parti de gauche grecque, Syriza, favori des législatives de demain, a appelé hier les Grecs à lui donner «une majorité absolue» afin de pouvoir avoir «les mains libres pour négocier» avec les créanciers du pays. «Nous savons que nous sommes à un pas de la majorité absolue au Parlement», qui est «une nécessité si l'on veut avoir les mains libres et un fort pouvoir de négociation», a déclaré M. Tsipras. Pour lui, «le 25 janvier sera un jour historique si le peuple grec le veut ; on ne veut pas seulement que le résultat électoral soit une simple victoire de Syriza mais un triomphe historique du peuple», a-t-il indiqué. Alexis Tsipras, qui veut négocier avec l'Europe la réduction de l'énorme dette du pays, (175% du PIB), a reconnu que «la voie de négociation ne sera pas facile». M. Tsipras a prévenu la foule rassemblée place Omonia, à Athènes, hier soir, que la tâche serait «difficile», qu'il y aurait peut-être «de grands affrontements». Des propos que les Grecs, après six ans de récession, et avec un chômage à plus de 25%, souhaitent vraiment entendre. Les sondages sont unanimes à donner le parti de M. Tsipras gagnant, devant Nouvelle-Démocratie du Premier ministre conservateur Antonis Samaras, au pouvoir depuis 2012. La victoire annoncée de Syriza donne des ailes aux autres partis de gauche radicale européens. Pablo Iglesias, le leader du parti espagnol qui monte, Podemos, est venu soutenir M. Tsipras. Foule joyeuse, drapeaux flottant au vent, les deux hommes se sont donné l'accolade sur l'estrade, tandis que retentissait le chant partisan «Bella ciao». «Un vent de changement démocratique souffle sur la Grèce. En Grèce, ce changement s'appelle Syriza, en Espagne il s'appelle Podemos», a lancé en grec M. Iglesias. Même la chancelière allemande Angela Merkel, que la rumeur disait disposée à une sortie de la Grèce de la zone euro en cas de victoire de Syriza, s'est déclarée «sûre que nous trouverons tranquillement des solutions». Outre les dirigeants européens, les milieux financiers font désormais le dos rond en attendant demain. Crucial, ce vote survient dans un pays dont la vie politique a été bouleversée par de longues années de crise : le bipartisme en vigueur pendant plus de quarante ans a volé en éclats. Après la purge imposée au pays par ses créanciers, UE et FMI, en échange de 240 milliards d'euros de prêts, le gouvernement Samaras a réussi à ramener un peu de croissance depuis mi-2014, à obtenir un excédent budgétaire primaire (c'est-à-dire hors charge de la dette) et à faire une incursion réussie sur les marchés obligataires en avril. Mais tout cela n'a pas changé la vie quotidienne des Grecs exaspérés. D'autant que le pays n'est pas sorti d'affaire, que le programme d'aide de l'UE a dû être allongé de deux mois, jusqu'à fin février, laissant en suspens sept milliards d'euros de prêts espérés à cette date.