Il incarne la fin de l'austérité et représente un retour à la dignité et à "la cohésion sociale", le parti d'Alexis Tsipras, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a remporté les élections législatives en Grèce mais sans obtenir la majorité absolue. Les Grecs ont donc porté au pouvoir Syriza, le parti de gauche bien décidé à contester les règles d'austérité imposées par les pays de l'UE depuis la crise, qui obtenait 35,73% des voix. Soit huit points d'avance sur la Nouvelle Démocratie du Premier ministre conservateur Antonis Samaras. Selon le ministère de l'Intérieur, sept partis composeront le nouveau parlement, ceux ayant obtenu moins de 3% des voix n'y ayant pas droit. Quelques heures seulement après son sacre, le parti de gauche Syriza a conclu hier un accord de gouvernement avec le mouvement des Grecs indépendants, ce qui lui permettra de mettre en œuvre les premières mesures de son programme. Alexis Tsipras a l'intention d'appliquer des mesures immédiates, comme une remontée du salaire minimum de 580 à 751 euros, et d'entamer rapidement les négociations avec les créanciers internationaux d'Athènes. Cependant, dans ce contexte, il a prévenu qu'il ne se contenterait pas d'un simple aménagement de la dette (175% du PIB, plus de 300 milliards d'euros). Prenant exemple sur des concessions faites après la guerre à l'Allemagne - aujourd'hui chantre de l'orthodoxie budgétaire en Europe - il veut une véritable et importante réduction du principal de cette dette. Renégociation de la dette, remontée du salaire minimum, qu'à cela ne tienne, le parti d'Alexis Tsipras suscite, certes, l'espoir des grecs. Ce programme s'annonce irréalisable pour une partie de la population qui se recrute au sein de la classe moyenne et qui le juge "populiste et démagogique", à telle enseigne qu'ils ont d'ores et déjà exprimé des craintes à ce sujet. Il s'agit, entre autres, des fonctionnaires, qui redoutent d'être à nouveau appelés à servir de dindon de la farce comme lors du premier plan d'austérité lancé en 2010, et des chefs d'entreprise qui souffrent de la chute de la consommation. "Cela semble être une victoire historique", et c'est "un message qui n'affecte pas seulement les Grecs mais qui résonne dans toute l'Europe et apporte un soulagement", a déclaré le porte-parole de la gauche radicale grecque Syriza, Panos Skourletis, après la publication d'un sondage sorti des urnes. En tout état de cause, l'Europe semble devant un choix cornélien, entre l'affrontement et des concessions difficiles à accepter pour certains pays comme l'Allemagne. Si les premiers signaux dans ce sens étaient attendus dès hier à l'occasion de la réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles, les premières indications donneraient les partenaires de la Grèce pour prêts à concéder un délai de six mois au nouveau gouvernement grec avant de pouvoir négocier sereinement sur son plan d'aide comme première réponse. A. R.