Résumé de la 26e e partie ■ Jonathan n'était pas venu pour traquer un criminel mais il avait apporté vingt six ans de «leur» histoire avec lui... Knight, l'agent fédéral chargé de l'enquête, m'a dit qu'il s'agissait d'une information strictement confidentielle. Je n'en ai même pas parlé à Desmond. Alors qui, hormis l'assassin lui-même, pourrait être au courant ? — Il existe des moyens de se procurer ce genre d'information, dit Jonathan, en considérant le moniteur d'un air songeur. Alors comme ça, Desmond fait toujours partie de la compagnie ? — Il siège au conseil d'administration, dit-elle, en songeant à l'âpre rivalité que se livraient naguère Jonathan et son cousin, et à toutes les fois où elle avait dû intervenir pour calmer le jeu. Est-ce qu'il existe un moyen de traquer l'auteur de ces messages ? demandat-elle. — Non. Ils ont été transmis par le biais d'un réexpéditeur anonyme. Retrouver la trace de l'envoyeur est quasiment impossible, dans ces cas-là. (Jonathan embrassa le bureau du regard.) Qui a pu entrer ici et allumer ton ordinateur ? — N'importe qui. Dès l'instant qu'il sait où se trouvent mes clés. — Qui connaît ton mot de passe ? — Moi, et moi seule. Et il n'y a aucun moyen de le savoir, puisque je ne l'ai écrit nulle part. Jonathan continuait à regarder autour de lui, comme s'il était à l'affût de pistes ou d'indices. Il faisait toujours ça autrefois, il sondait sans relâche son entourage à la recherche de réponses qu'il finissait par trouver en lui-même. Lorsque son regard se posa sur le coffre-fort grand ouvert, où se trouvait le recueil de poésie, l'espace d'un court instant elle crut déceler comme une lueur de tristesse dans ses yeux. Mais non, c'était impossible. C'était elle, et elle seule, qui avait souffert. Lorsqu'il passa ses doigts effilés dans sa chevelure mouillée, elle songea aux innocents débuts de leur amour, à l'époque lointaine où ils étaient inséparables : deux gosses sautant ensemble du haut d'un plongeoir, deux gosses s'étreignant mutuellement ou suffoquant de rire - ils avaient quatorze ou quinze ans à l'époque. L'espace d'un instant, tandis que le tonnerre faisait rage au-dehors, et que les agents du FBI retournaient son usine en tous sens, tandis que le monde entier vacillait sous ses pieds, Charlotte eut envie de retourner s'asseoir à l'ombre du Golden Gate au côté de Jonathan pour compter les bateaux qui entraient dans la baie. Mais lorsqu'elle réalisa la façon dont il était habillé costume Savile Row, boutons de manchettes, cravate de soie impeccable -, elle retomba brutalement sur terre. A quoi s'attendait-elle ? A un jean troué et un T-shirt des Grateful Dead ? Ce Jonathan-là avait cessé d'exister. Le nouveau Jonathan était un homme d'affaires prospère, un étranger. Ils ne pourraient jamais plus revenir en arrière. Il se tourna vers elle, s'apprêtant à dire quelque chose, puis s'arrêta et posa sur elle un regard solennel, et Charlotte comprit qu'il se souvenait, lui aussi. A suivre