Résumé de la 10e partie ■ D'après la tenue vestimentaire de son cousin en désordre, Charlotte comprit que quelque chose n'allait pas... Comme l'ascenseur n'arrivait toujours pas, Charlotte en profita elle aussi pour examiner son reflet dans les portes chromées. Avec ses longs cheveux noirs ruisselants de pluie et plaqués sur son crâne, elle n'avait pas exactement l'air d'un PDG de firme multimillionnaire. Elle avait les traits tellement tirés que ses pommettes saillantes et luisantes accentuaient son type asiatique, qui en temps normal passait totalement inaperçu. La pâleur crémeuse de sa peau lui rappela la statue en ivoire de la déesse Kwan Yin qui se trouvait dans son bureau. Ses yeux soulignés de cernes gris renforçaient le côté mystérieux de son regard. Des «yeux énigmatiques», comme le lui avait dit un jour Jonathan, il y avait bien longtemps de cela. Parce que ses yeux gardaient des secrets, des choses connues d'elle seule comme le fait que Charlotte n'était pas son vrai nom. Elle observa l'autre visage reflété par les portes métalliques. Desmond était un bel homme, aux traits réguliers, et très soucieux de son apparence. Lui aussi avait des secrets. Etait-ce pour cela qu'il mettait toujours des lunettes de soleil, même un jour comme aujourd'hui, alors que le ciel était plombé et qu'il pleuvait à verse? — Sapristi, s'exclama-t-il en enfonçant une fois de plus le bouton de l'ascenseur. C'est inouï ! Plus surprenant encore que la fois où tu as été enlevée par des extraterrestres ! (Puis il ajouta presque aussitôt, d'un ton penaud :) Je te demande pardon. Le moment est mal choisi pour plaisanter. Mais Charlotte savait qu'il ne l'avait pas dit pour plaisanter. Desmond ne ratait jamais une occasion de faire allusion à un événement qui s'était produit vingt quatre ans plus tôt. Elle avait alors quinze ans et Desmond quatorze. Cet été là, Charlotte avait mystérieusement disparu pendant trois semaines, et refusé de dire ensuite à quiconque où elle était allée - notamment à Desmond, qui ne cessait de lui demander : — Est-ce vrai que c'est mon vieux bouc de grand-père qui t'a enlevée pour abuser de toi, comme on le raconte partout? Desmond avait commencé à tourner la chose en dérision, et à prendre l'habitude de dire : — Non. Impossible. Moi, je crois plutôt que ce sont les extraterrestres qui t'ont enlevée. Incroyable, songea-t-elle, qu'après toutes ces années et alors que la firme était en pleine crise il cherchât encore à savoir où elle était allée cet été-là. Mais ce que Desmond ignorait, c'était qu'il était beaucoup plus proche de la vérité qu'il ne se l'imaginait : elle avait bel et bien été enlevée. — Donne-moi plutôt les détails du dernier incident, dit-elle, tandis qu'ils montaient au troisième étage, où se trouvaient les bureaux de la direction.. A suivre