Alger Au mois de février 2003, Mohamed se plaisait à mener une vie luxueuse et pleine d?incertitudes. Outre le toupet de s?aventurer dans des eaux troubles, il faisait usage de deux fausses cartes professionnelles, l?une d?attaché confidentiel du président de la République et l?autre d?inspecteur général auprès du ministère du Travail et de la Protection sociale. Mais son palmarès douteux a pris fin au début de l?année 2003, à Alger, où fut mis en échec son plan machiavélique qui nécessita plusieurs complicités. Ses complices, dont Fatiha sa concubine, étaient au nombre de six à l?aider dans sa besogne en lui fournissant des renseignements, de l'argent et d?autres accessoires dont il avait besoin. Il trouvait refuge chez A. Rekia, une handicapée qu?il avait arnaquée quant à la régularisation de sa situation sociale. En usant des fonctions précitées, Mohamed prétendait être à l?écoute de la population en sillonnant les profondeurs de la ville dans une mission confiée par l?autorité suprême du pays. Avant son arrestation par les policiers qui avaient agi sur la base de renseignements recueillis auprès des citoyens, il avait soutiré environ 25 millions de centimes à trois individus auxquels il avait promis l?acquisition de véhicules neufs en leur remettant des documents falsifiés attestant du dépôt des dossiers y afférents. Un cafetier, qu?il avait côtoyé, lui avait remis une somme de 60 000 DA sous forme de prêt qui n?aura aucune suite. Le dossier fut ainsi remis au procureur de la République près le tribunal d?Alger en date du 23 février 2003, qui ordonna une enquête qui débuta aussitôt. Interrogé par le magistrat instructeur, Mohamed, accusé de faux et usage de faux ainsi que d?usurpation de fonction, n?a pas nié les faits retenus contre lui. Quant à ses complices, ils ont justifié leurs actes par le fait que ce dernier les avait intimidés par ses pseudofonctions en les menaçant de leur coller l?étiquette de terroristes. Ahmed, directeur de l?Opgi, a reconnu lui avoir remis certains dossiers confidentiels de l?entreprise sur présentation de la carte professionnelle d?attaché à la présidence et Karim, cadre à la jeunesse et aux sports, l?avait aidé à convoquer Salim, le cafetier, qu?il menaçait de poursuites pour recrutement de serveurs au noir. Ayant comparu une première fois le 24/07/04 en séance criminelle, Mohamed sera condamné à une peine de 20 ans de prison ferme alors que les autres accusés bénéficieront d?un non-lieu, à l?exception d?Ahmed, de Karim et de Salim, qui devront accompagner le faux fonctionnaire en prison. Après un appel en cassation accordé par la Cour suprême, le second procès s?est déroulé le 7 septembre 2004 en session criminelle. Présentés à la barre, les accusés ont repris intégralement leurs précédentes déclarations. Mohamed devait, en substance, reconnaître son douteux «pèlerinage» alors que les autres ne cessaient de crier leur innocence en justifiant leurs faits par l?influence que ce dernier exerçait sur eux, tel le directeur de l?Opgi qui, en sanglots, dit au président que l?escroc l?avait convaincu par sa manière de s?habiller et les renseignements en sa possession le jour où il était venu le voir. Le représentant du ministère public, après son réquisitoire, maintient la même peine à l?encontre du principal inculpé tout en laissant le soin aux juges de statuer sur le sort des autres. La défense insistera dans sa plaidoirie sur l?inconscience de ces derniers, sachant que le premier avait avoué son effronterie. Ainsi, le tribunal fut tout de même clément envers Mohamed le condamnant à une peine de 10 ans de prison conformément aux articles 222, 242, 302/2, 372 et 386 du Code pénal et prononça l?acquittement pour les autres.