Résumé de la 32e partie ■ Pendant que Jonathan comblait le trou, Charlotte se sentit assaillie par les senteurs de la serre. Et il restait là à la contempler sans rien dire, avec ses yeux bruns pensifs, les lèvres scellées. Mais elle voyait bien à la veine qui palpitait sur son cou pâle et gracile qu'intérieurement il se faisait violence pour ne pas lui avouer ses sentiments. Tandis que Jonathan finissait de recouvrir les objets métalliques et tassait la terre au pied du buisson, des feuilles fanées se détachèrent des branches et tombèrent en tourbillonnant. Charlotte songea aux promesses brisées. Son père était mort avant qu'elle ne vienne au monde, et sa mère était morte alors qu'elle était tout bébé. Après quoi elle avait vu mourir son oncle Gideon. — Ils m'ont tous abandonnée, Johnny, lui avait-elle dit quand ils avaient dix-neuf ans. Promets-moi de ne jamais me quitter. Il le lui avait promis. Puis l'avait quittée. Il se releva en se frottant les mains pour en ôter la terre, puis voyant son regard interrogateur, dit : — C'est un revolver. Je l'ai amené avec moi, au cas où. Mais c'est illégal, et je ne veux pas courir le risque de me faire prendre avec. Allons-y. Charlotte l'emmena ensuite dans la «Chine de jadis», c'est du moins l'impression qu'il éprouva lorsqu'ils franchirent une lourde porte et qu'elle enfonça le bouton de l'interrupteur. Une lumière douce envahit soudain la pièce, qui semblait surgie d'une autre époque, d'un autre monde. — C'était le musée de grand-mère, dit-elle à mi-voix, tandis qu'il pénétrait plus avant dans la pièce en jetant un coup d'œil circulaire. Le musée se trouvait à la lisière du parc d'Harmony Biotech, à quelques centaines de mètres du bâtiment principal. — Il fut un temps où il était ouvert au public, dit Charlotte. Mais après la mort de grand-mère je l'ai fermé. L'éclairage était subtil. Les précieuses reliques contenues dans les vitrines étaient nimbées d'une lumière irréelle, incandescente, qui semblait d'un autre monde, comme si, songea Jonathan, ces objets avaient été apportés ici grâce à une machine à remonter le temps, et qu'ils étaient contenus dans un espace temporel fragile et risquaient à tout moment d'être à nouveau happés par le passé. — Incroyable, murmura-t-il. — Ma grand-mère s'accrochait de toutes ses forces au passé. Combien de fois ne lui ai-je pas répété qu'Harmony devait entrer de plain-pied dans le xxle siècle. Nous avons eu des mots, elle et moi, à ce sujet. (Charlotte détourna brièvement les yeux pour cacher son émotion.) Je le regrette, à présent, dit-elle à mi-voix. Mais il n'empêche que grand-mère avait perdu la clairvoyance qu'elle avait à l'époque où elle avait fondé la compagnie. A suivre