Niveau ■ Le sélectionneur français de la Côte d'Ivoire affirme que son équipe aura à faire à la meilleure équipe actuelle du tournoi, et qu'il faudra s'attendre, donc, à une rencontre très serrée. «Face au Cameroun, lors de la dernière journée du groupe, nous avons sorti le match qu'il fallait, au moment idoine. Il s'agissait d'un match face à l'un des prétendants au sacre final. Maintenant face à l'Algérie, ce sera encore plus difficile, face à la meilleure équipe du tournoi. Il faudra, donc, en faire de même, surtout que la motivation y est, et le capital confiance est énorme après ce mach face au Cameroun», a déclaré Renard dans une conférence de presse animée hier en fin d'après-midi. Ne voulant pas trop s'étaler sur la manière avec laquelle son équipe jouera ce soir, Renard affirme que le plus important pour lui est de savoir traduire tout cette confiance, et l'expérience de certains joueurs, sur le terrain pour passer l'écueil des Algériens. «Là, c'est le travail de l'entraîneur qui intervient pour trouver la meilleure formule», explique le conférencier, qui était accompagné de Gradel. La motivation des joueurs est claire, mais celle de l'entraîneur l'est encore plus, lui qui veut goûter à un deuxième sacre dans cette compétition, après celui de 2012 avec la Zambie. «Il est vrai que j'ai été déjà champion d'Afrique en 2012, et mon ambition est de conquérir ce titre pour la deuxième fois, et dans ce même pays. Cependant, il faut reconnaître que les choses sont, cette fois-ci, différentes, parce qu'il y a plus de suspense et pression», dit-il. Et d'ajouter : «Depuis le début de cette compétition, nous avons un menu très chargé, notamment avec l'identité des équipes que nous avons affrontées. L'équipe qui veut aller jusqu'au bout, doit faire face à toute les situations.» Dans le même sillage de Gourcuff, Renard dira que l'équipe qui gagnera, ce dimanche soir, aura le plus de chances d'aller jusqu'au bout et brandir le trophée. «A ce stade de la compétition, on pense au même objectif, et pour cela, il faudra tout faire pour qu'il n'y ait aucun regret. L'Algérie et la Côte d'Ivoire cherchent leur deuxième titre depuis plusieurs années, et je pense que l'occasion leur est présentée ouvertement cette fois-ci», ajoute-t-il. «Je ne suis pas devin, mais je m'attends à un match très serré et des plus disputés. La rencontre se jouera sur des moments clés. Les statistiques et les anciens matchs ne comptent pas, parce que le plus important est de se qualifier. Les statistiques c'est pour l'histoire». Mohamed Benhamla Le message «Aux dirigeants de l'USMA, je dirai : Saha !» Hervé Renard est revenu, lors de sa conférence de presse, sur son passage à l'USMA, indiquant qu'il a eu affaire à des «professionnels» lors de son passage en Algérie. «J'ai passé 10 mois merveilleux dans ce club, et si ce n'était pour une sélection nationale, je n'aurais jamais quitté le club. Ce fut une expérience avec des dirigeants professionnels, et prêts à mettre tous les moyens pour aller de l'avant. C'est le seul endroit où, lorsque j'ai décidé de quitter, l'on m'a organisé une cérémonie. C'est l'hospitalité algérienne. Je ne remercierai jamais autant le président Haddad et ses collaborateurs et à partir de cet endroit, et devant les journalistes algériens présents, je leur dit : Saha», a-t-il indiqué. M. B. Le globe-trotter La Zambie l'a fait connaître Obscur défenseur passé par Cannes, Vallauris et Draguignan, Hervé Renard est un véritable meneur d'hommes, une qualité devenue sa marque de fabrique depuis qu'il a embrassé la carrière d'entraîneur, d'abord à Draguignan avant de se placer sous le haut patronage de Claude Le Roy et d'entamer son tour du monde. La Chine (Shanghai) et l'Angleterre (Cambridge) lui ont servi de marchepied avant de s'enraciner en Afrique à partir de 2007. C'est là, avec la Zambie en 2012, qu'il s'est définitivement fait connaître en soulevant à la surprise générale le trophée continental à Libreville. Il avait alors parfaitement su utiliser le souvenir douloureux du crash aérien de 1993 qui avait décimé l'équipe zambienne dans la capitale du Gabon pour faire d'une formation de second rang une machine indestructible. Les Chipolopolos avaient terrassé un à un tous les favoris du tournoi (Sénégal, Ghana, Côte d'Ivoire) pour s'offrir la première CAN de leur histoire. La planète football avait fait connaissance avec sa chemise blanche immaculée et son sourire carnassier mais découvert aussi un technicien exigeant avec ses troupes, amoureux du jeu et de la technique, comme Gourcuff, mais ne concevant pas le plaisir sans rigueur. Une philosophie résumée en une phrase samedi : «Il faut tout donner, être très concentré, discipliné mais avoir aussi une confiance énorme en soi». Le plus dur commence pour le Français puisqu'il doit désormais prouver qu'il a l'étoffe pour guider une équipe attendue à chacune de ses apparitions. Mais, toujours aussi sûr de lui, il balaye toute idée de tension : «Je n'ai pas de pression, je viens de très très loin. C'était mon objectif de me retrouver ici et ce n'est pas encore fini». L'identité Récupérer son image Auréolé de son titre de champion d'Afrique avec la Zambie, qu'il avait menée du néant vers les sommets, Hervé Renard était accueilli en héros lors de son arrivée à la tête de la Côte d'Ivoire l'été dernier. Mais, depuis, le bilan du Français s'est un peu terni et seule une qualification pour les quarts de finale pourrait faire taire les critiques à Abidjan. Parmi les favoris de la CAN-2015, avec dans leurs rangs Yaya Touré, élu meilleur joueur africain de l'année 2014, les Elephants patinent jusqu'ici. Et le constat était le même lors des qualifications pour la CAN avec notamment une lourde défaite face... au Cameroun à Yaoundé (4-1). Une élimination en phase de poule serait en tout cas une première pour les Elephants dans le tournoi depuis 2002. Mais le technicien français ne veut pas en faire une catastrophe, comme il l'a déclaré mardi. Les caractéristiques Le feu et la glace L'un est fort en gueule, globe-trotter, l'autre est plus discret et a effectué l'essentiel de sa carrière en Bretagne avec le FC Lorient. Ainsi, tout oppose Hervé Renard et Christian Gourcuff, adversaires à la tête de la Côte d'Ivoire et de l'Algérie, ce soir. Difficile de trouver des points communs aux deux techniciens français, hormis leurs positions actuelles de sélectionneurs de deux des équipes les plus prestigieuses d'Afrique. Et sans doute cette passion commune pour une discipline qu'ils ont longtemps pratiquée avant de basculer sur le banc de touche. Pour le reste, les deux personnages sont à mille lieux l'un de l'autre et les valeurs sur lesquelles ils s'appuient ne sont guère semblables. La question Le novice va-t-il surprendre le spécialiste ? Alors que Renard arpente l'Afrique depuis 7 ans et dispute sa 5e CAN (dont une en tant qu'adjoint de Le Roy au Ghana), Gourcuff entrevoit petit à petit les spécificités d'une Coupe d'Afrique, sans toutefois se départir de cet air professoral qui peut parfois agacer. «On m'a accusé de ne pas connaître le football en Afrique mais il n'y a pas de football africain, il y a le football c'est tout, explique-t-il. Quand on connaît le football, on est capable de s'adapter partout». A lui de le prouver dimanche.