Vera Drake, un film de Mike Leigh sur une faiseuse d'anges dans l'Angleterre des années 1950, a triomphé, samedi, à Venise, remportant le Lion d'Or et le prix d'interprétation féminine, et battant sur le fil Mar adentro, Grand prix du jury et prix d'interprétation masculine. Avec Vera Drake, Mike Leigh nous plonge dans l'univers de Vera Drake, une femme de ménage dont la famille, bien que modeste, est heureuse et soudée. Mais Vera a un secret : elle aide bénévolement des jeunes filles à avorter, au mépris de la loi. Mike Leigh, lauréat de la Palme d'Or en 1996 à Cannes pour Secrets et Mensonges, a expliqué qu'il a voulu faire ce film parce que, «aujourd'hui, dans notre monde surpeuplé, l'avortement est devenu un enjeu fondamental (...) Mon rôle est de poser des questions, non de tirer des conclusions hâtives». Outre le Lion d'Or, l'interprète de Vera, la Britannique Imelda Staunton, a remporté la Coupe Volpi de la meilleure actrice. Le triomphe de Vera Drake a presque éclipsé les deux prix remportés par Mar adentro, le film du cinéaste espagnol Alejandro Amenabar sur un tétraplégique qui revendique son droit à mourir dignement après 28 ans d'immobilité forcée. Outre la Coupe Volpi du meilleur acteur décernée à l'acteur espagnol Javier Bardem, Mar adentro a remporté le Lion d'argent-Grand prix du jury. Pour ce rôle, l'acteur au corps d'athlète de 35 ans a été transformé par cinq heures de maquillage quotidien en un homme de 50 ans bouffi et grabataire. C?est donc un triomphe hispano-britannique. La France a, pour sa part, obtenu deux prix : le Lion du Futur-Prix de la meilleure première ?uvre pour Le grand voyage d'Ismaël Ferroukhi, et le prix Horizons pour Les petits-fils d'Ilan Duran Cohen. Seule récompense importante à avoir échappé à l'Europe, le Lion d'argent-Prix spécial pour la mise en scène qui a été décerné au réalisateur sud-coréen Kim Ki-Duk pour son film Binjip, une narration poétique sur l'amour et la solitude.