Pour sortir un peu de la morosité, rien de tel qu'une bonne dose d'optimisme. C'est le message qu'a voulu faire passer le cinéaste britannique Mike Leigh dans Be Happy, à travers le personnage d'une jeune femme d'une trentaine d'années qui a décidé, quoi qu'il arrive, de rester positive dans la vie. Poppy (Sally Hawkins) est institutrice dans une école maternelle londonienne. Très fantaisiste, elle veut communiquer sa bonne humeur à tous ceux qu'elle rencontre. Sa gaieté fait merveille auprès de ses élèves, mais pas toujours du côté des adultes, parfois agacés par son attitude. Ainsi, quand elle veut dérider un libraire muré dans son silence, elle se heurte à son indifférence. L'ambiance est nettement meilleure avec sa colocataire Zoé et avec ses sœurs, bien qu'une d'entre elles lui reproche son manque de sérieux. Poppy n'en a cure et se défoule en prenant des cours de trampoline et de flamenco. Elle voudrait bien s'amuser aussi avec son moniteur d'auto-école (Eddy Marsan, excellent), mais ce dernier, psychorigide, ne l'entend pas de cette oreille. Il insiste notamment auprès de la jeune femme pour qu'elle renonce à ses talons hauts, ce que n'apprécie guère l'intéressée. La vie de Poppy prend une nouvelle tournure lorsqu'elle rencontre, dans le cadre de son travail, un assistant social, Tim, qui semble tomber sous son charme. Réalisateur de Secrets et mensonges (Palme d'or à Cannes en 1996) et de Vera Drake (Lion d'or à Venise en 2004), Mike Leigh partage avec deux autres cinéastes britanniques, Ken Loach et Stephen Frears, cet intérêt pour les milieux modestes et les difficultés de la vie quotidienne. Mais chez Mike Leigh, on retrouve toujours une humanité et une dose d'humour, ce qui permet de surnager des situations les plus noires. Dans Be Happy, c'est l'optimisme qui prime, même si la réalité n'est pas toujours rose, que ce soit pour certains enfants dont Poppy s'occupe ou pour d'autres adultes qu'elle côtoie. Sally Hawkins, dont c'est le troisième film avec Mike Leigh (elle avait déjà joué dans All or nothing et Vera Drake), incarne avec beaucoup de justesse cette institutrice en qui l'on sent une certaine fragilité, mais qui a choisi d'aller toujours de l'avant et de prendre la vie du bon côté.