C'est le réalisateur anglais qui emporte le Lion d'or avec le portrait terrible de Vera Drake. L'Italie n'a produit que 69 films, en 2003, alors que 105 millions de spectateurs ont écumé les salles obscures de ce pays...Pourtant la presse spécialisée ne s'évertue à donner de la voix qu'en de rares occasions Cannes (en mai) et surtout Venise (septembre) où la projection d'un film, italien relève pour son auteur de l'épreuve de peine. Sauf que le jour de la proclamation du palmarès, foin des reproches passés : le tonnerre a donc grondé (une fois de plus) à la Mostra. Motif le «favori» de la Stampa latine, Gianni Amelio n'est pas parti avec le Lion d'Or, mais il semble bien que le jury a choisi de l'ignorer complètement. C'est la bronca sur le Lido et l'encre n'a pas cessé de couler. Après l'affront subi l'année passée par la non-consécration du film de Bellochio «Buenogiorno Notte». Le Quirinal (l'El Mouradia local) avait même fait part de son agacement et le directeur de la Mostra de l'époque, De Haiden, a dû rendre le tablier sans demander son reste...Marco Muller son remplaçant ploiera-t-il sans rompre? Wait and see... Pour autant, il faut tout de même dire que le récipiendaire suprême, l'Anglais Mike Leigh n'a aucunement volé le Leone d'Oro avec le terrible portrait de Vera Drake et dont l'actrice, Imelda Staunton, a amplement mérité le Prix féminin. On n'en dirait pas autant de la récompense masculine attribuée (au débotté?) à deux interprètes italiens d'un film (de potache) se voulant une réflexion ludique sur les années gauchistes soixante- huitards. «Lavorra con Latenzza» de Guido Chiesa a donc, en quelque sorte, fait office de lot de consolation pour les Italiens. Quant au film surprise, bizarrement en lice pour le Lion d'Or, le Sud-Coréen Kim Ki-duk, n'a eu «que» le Leone d'Argento, avec «Bin Jip». Bizarrement, car le fait de le mettre en film surprise, le favorisait en quelque sorte grâce à la curiosité suscitée. Heureusement qu'il en valait la peine. Heureusement aussi que la Settimana della Critica, section indépendante réservée aux premiers films, n'a pas suivi l'exemple de la compétition officielle, en ne faisant pas l'impasse sur le beau premier film du Marocain de France, Ismaël Ferroukhi, «Le Grand Voyage» celui-ci qui a eu les honneurs du Prix De Laurentis présidé par Youssef Chahine qui a eu, avec les membres du jury «Opera Prima», à le départager entre 23 films. Ce beau road movie qui va de Marseille vers La Mecque (par la route) est une très belle approche métaphorique sur les rapports filiaux. Un fils est désigné par son père pour le mener à bon port. Vers le hadj. Une perle rare qui n'a pas échappé aux festivaliers vénitiens, qui repartent, quand même, avec l'impression d'un manque à gagner dans cette pléthore de films (plus de 150) et dont beaucoup ont été refusés par Cannes. Une dizaine rien que pour la compétition!... L'année prochaine, ce sera mieux? Inch'Allah!