Surprise n Sanxia Haoren, film chinois du jeune réalisateur Jia Zhangke, a remporté, hier soir, le Lion d'Or du meilleur film au 63e festival de cinéma de Venise. Sanxia Haoren (Still life), chronique émouvante de la vie d'un village submergé à la suite de la construction d'un barrage, a été défendu avec enthousiasme par la présidente du jury, Catherine Deneuve, dont la passion pour le cinéma asiatique est connue. «Nous avons été très touchés, très surpris, très émus par ce film», a-t-elle dit en italien. «Nous savons tous que la Chine est en train de connaître des bouleversements énormes, tout comme la vie quotidienne, et c'est le sujet de mon film», a dit Jia Zhangke (36 ans), tout sourire, en recevant son prix. Il a ajouté vouloir «faire des films qui reflètent les problèmes des couches les plus pauvres de la société». Sans surprise, le prix d'interprétation féminine (Coupe Volpi) est revenu à l'actrice anglaise Helen Mirren, 60 ans, extraordinaire Elizabeth II dans The Queen, portrait au vitriol de la monarchie britannique, de Stephen Frears. «C'est un moment merveilleux, il faut en jouir, et je le fais !», a -t-elle lancé en recevant son prix. Peter Morgan, le scénariste de The Queen, a reçu le prix du meilleur scénario pour un film qui était le favori des critiques comme du public. L'acteur américain Ben Affleck a obtenu le prix de la meilleure interprétation masculine pour Hollywoodland, d'Allen Coulter. Il interprète George Reeves, acteur tourmenté qui incarnait l'icône Superman, retrouvé mort après un probable suicide en 1959. De son côté, le cinéaste français Alain Resnais (Nuits et Brouillards, Hiroshima mon amour), absent de Venise samedi soir, s'est vu décerner, à 84 ans, le Lion d'argent pour la meilleure mise en scène pour Coeurs, une comédie mélancolique sur la solitude de six personnages, dans un Paris très stylisé, où la neige tombe à gros flocons. Pour la France, Isild Le Besco a reçu le prix Marcello Mastroianni du meilleur jeune acteur pour son rôle dans L'intouchable de Benont Jacquot. Côté cinéma italien, un Lion d'argent de la meilleure révélation a été décerné à Nuovomondo d'Emanuele Crialese, portrait d'une famille de paysans siciliens pauvres qui émigre en Amérique, terre de tous les rêves. En représentant le Tchad pour la premihre fois à Venise, Daratt du Tchadien Mahamat-Saleh Haroun, 46 ans, a réussi un coup d'éclat en emportant le prix spécial du jury. Il raconte la poignante histoire d'Atim, adolescent de seize ans que son grand-père envoie abattre celui qui a tué son père pendant la guerre civile qui a ravagé le Tchad. «C'est une très grande surprise et un très beau cadeau», a affirmé Mahamat-Saleh Haroun, «cela veut dire que même si le cinéma en Afrique est artisanal, la parole que je porte n'en est pas moins importante que les autres». Un prix spécial du Jury a été décerné aux cinéastes français, mais installés en Italie de longue date, Jean-Marie Straub (73 ans) et Danihle Huillet (70 ans), en compétition avec Quei Loro incontri, pour l'ensemble de leur œuvre. Enfin Emmanuel Lubezki a reçu le prix Osella de la meilleure photographie pour Children of men du Mexicain Alfonso Cuaron. Lauréats du Lion d'or depuis 1980 - 1980 : (ex aequo) Gloria de John Cassavetes (Etats-Unis) et Atlantic city de Louis Malle (France) - 1981 : Les années de plomb de Margarethe von Trotta (Allemagne) - 1982 : L'état des choses de Wim Wenders (Allemagne) - 1983 : Prénom Carmen, de Jean-Luc Godard (France) - 1984 : L'année du soleil tranquille, de Krysztof Zanussi (Pologne) - 1985 : Sans toit ni loi, d'Agnès Varda (France) - 1986 : Le rayon vert, d'Eric Rohmer (France) - 1987 : Au revoir les enfants, de Louis Malle (France) - 1988 : La légende du Saint-Buveur, d'Ermanno Olmi (Italie) - 1989 : La cité des douleurs de Hou Hsiao-hsien (Taïwan) - 1990 : Rosencrantz et Guildenstern sont morts, de Tom Stoppard (Grande-Bretagne) - 1991 : Ourga, de Nikita Mikhalkov (URSS) - 1992 : Qiu Ju, une femme chinoise, de Zhang Yimou (Chine) - 1993 : (ex aequo) Short Cuts de Robert Altman (Etats-Unis) et Trois couleurs : Bleu, de Krzysztof Kieslowski (France) - 1994 : (ex aequo) Vive l'amour de Tsai Ming-Liang (Taïwan) et Before the rain de Milcho Manchevski (Grande-Bretagne/Macédoine) - 1995 : Cyclo de Tran Anh Hung (Vietnam/France) - 1996 : Michael Collins de Neil Jordan (Irlande) - 1997 : Hana-Bi de Takeshi Kitano (Japon) - 1998 : Cosi ridevano de Gianni Amelio (Italie) - 1999 : Pas un de moins de Zhang Yimou (Chine) - 2000 : Le cercle de Jafar Panahi (Iran) - 2001 : Moonsoon wedding (Le mariage des moussons) de Mira Nair (Inde) - 2002 : The Magdalene sisters de Peter Mullan (Irlande) - 2003 : Le retour d'Andreï Zviaguintsev (Russie) - 2004 : Vera Dranke de Mike Leigh (Grande-Bretagne) - 2005 : Brokeback mountain d'Ang Lee (Taïwan)