Résumé de la 38e partie ■ Avant de sortir du musée Charlotte s'arrêta devant une vitrine l'ouvrit et en sortit quelque chose... Il y a tellement longtemps... (Charlotte se mit à tourner et à retourner la boîte entre ses doigts, poussant légèrement par-ci, tirant par-là, faisant pression à divers endroits dans l'espoir de débloquer le mécanisme d'ouverture.) Je me souviens de la première fois que j'ai essayé d'ouvrir une boîte comme celle-là, dit-elle en trouvant la première pièce mobile et en la faisant coulisser. Grand-mère disait que ces boîtes étaient des illusions. A première vue elles semblent hermétiquement closes, sans couvercle ni la moindre ouverture permettant de pénétrer à l'intérieur. Elle m'a appris à palper patiemment le bois pour faire glisser d'abord une pièce, puis une autre, et ainsi de suite, en gardant toujours à l'esprit que le mécanisme d'ouverture forme un tout. Le mouvement de chaque pièce est commandé par le mouvement de la précédente. Il m'a fallu une semaine pour ouvrir la première, et si mes souvenirs sont exacts il s'agissait d'un mécanisme très simple de douze pièces seulement. Mais quand j'ai réussi à l'ouvrir, j'ai été déçue parce qu'il n'y avait rien à l'intérieur, alors que j'avais fourni un gros effort qui méritait d'être récompensé. Elle fit glisser une autre pièce, puis recommença à palper la boîte pour essayer de trouver la suivante. — Grand-mère disait que le plaisir consiste à chercher le trésor et non à le trouver. Et pendant des années, elle m'a donné des boîtes vides pour que j'essaye de les ouvrir. Tandis qu'il observait Charlotte palper la boîte de ses longs doigts minces, cherchant à tâtons les parties mobiles, les faisant glisser dans un sens puis dans l'autre, telle une exploratrice prudente qui cherche la sortie d'un dangereux labyrinthe, il se souvint de la première fois où elle lui avait appris à ouvrir une de ces boîtes à malice. Ils se tenaient exactement comme ça, l'un en face de l'autre, leurs têtes se touchant presque, et Jonathan luttait de toutes ses forces pour ne pas céder à une furieuse envie de l'embrasser. — Grand-mère voulait me faire découvrir la joie de résoudre un casse-tête. Mais elle ne comprenait pas que sans espoir de récompense je n'y prenais aucun plaisir. Pour finir, un Noël, je devais avoir dix-sept ou dix-huit ans, elle m'a offert une boîte à laquelle je n'ai même pas touché. Grand-mère a été très vexée. Elle prenait un réel plaisir à me regarder essayer d'ouvrir les boîtes. Et voilà que je refusais de me prêter à son jeu. Les doigts de Charlotte couraient habilement sur la surface parfaitement lisse, cherchant les coutures invisibles, déjouant les pièges de l'illusion d'optique, faisant glisser les pièces marquetées tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, vers le haut, vers le bas. — L'année suivante, elle m'a donné une boîte en disant : «Il y a quelque chose à l'intérieur.» Si bien que je l'ai ouverte. A suivre