Résumé de la 42e partie ■ Après avoir vu la vidéo, Charlotte demande à Jonathan de rester avec elle pour l'aider à retrouver le celui qui a fait ça... Est-il anglais, ô vénérable ancêtre? avait demandé Mei-ling, qui, à l'instar de tous les membres de sa famille, des aristocrates chinois dont les origines remontaient à la création du monde, éprouvait à l'égard des Anglais des sentiments partagés, mélange de tolérance, de curiosité et d'irritation. Mais la vieille femme lui avait répondu : — Il est américain. Entre-temps la fête des morts avait commencé et battait son plein. Dans les rues de Singapour ce n'étaient que réjouissances, spectacles de marionnettes et opéras chinois donnés en l'honneur des défunts. On. était au septième mois lunaire, au cours duquel, selon la tradition, les portes de l'enfer s'ouvraient toutes grandes pour permettre aux morts de rendre visite à leurs descendants. Les familles donnaient de grands banquets en l'honneur de leurs morts, mais les âmes de ceux qui n'avaient pas de descendants erraient par les rues, envieuses et affamées, et il fallait les apaiser avec des spectacles et de la nourriture. D'un bout à l'autre de la ville, on faisait brûler des bougies et des bâtons d'encens dont le parfum entêtant, flottant par-dessus la muraille, enveloppait Mei-ling et les femmes qui se trouvaient avec elle. Lorsqu'elle en eut fini avec le bandage, constatant que la fillette apeurée et tremblante demeurait silencieuse, Mei-ling lui montra ses propres pieds bandés, minuscules et précieux dans leurs petites pantoufles brodées à peine longues de dix centimètres. Après que les parentes de la fillette se furent extasiées devant ses pieds tout neufs, Mei-ling prit congé, accompagnée de sa fidèle servante, chargée du coffret contenant ses instruments de médecine et ses potions. Tandis qu'elle se frayait lentement un chemin parmi les rues bondées où les jongleurs amusaient les morts et les vivants, Mei-ling ne cessait de songer à l'Américain dont l'astrologue lui avait dit qu'il allait entrer dans sa vie. Mais quand ? Où ? Et comment le reconnaîtraitelle ? Et serait-ce pour le meilleur ou pour le pire? Le rêve était-il destiné à la mettre en garde, ou au contraire à l'encourager à aller au-devant de l'étranger ? Mei-ling n'en avait parlé à personne, bien que garder un secret ne fût pas chose facile dans une maison aussi peuplée que la sienne. Située dans le quartier riche de Singapour, la somptueuse demeure de Peacock Lane abritait non seulement Mei-ling et son père veuf, mais également un grand nombre de parentes qui, sans cela, se seraient retrouvées à la rue - des tantes veuves ou célibataires, des nièces, des cousines, ainsi que Elégance Dorée et Aube d'Eté, les épouses des deux frères de Mei-ling, le premier jeune maître et le second jeune maître, et Orchidée de Lune et Cannelle de Lune, les filles que la troisième épouse de son père, morte en couches, avait mises au monde. A suivre