Hausse ■ Les cigarettes coûtent désormais plus cher en Algérie. La hausse de la taxe sur le tabac est, en effet, entrée en vigueur le 1er janvier 2015. La loi de finances 2015 prévoit une nouvelle taxe de 10 à 15 % sur tous les produits tabagiques. Cette augmentation constitue «un pas en avant» dans la lutte contre le tabagisme. Cependant, un long chemin reste encore à parcourir avant de pouvoir juguler ce fléau. Saluant cette démarche qui figure, selon eux, parmi les approches rentables et capables de limiter le nombre de nouveaux fumeurs, de réduire l'exposition au tabagisme passif ou encore de favoriser le sevrage de nombreux fumeurs, des spécialistes estiment qu'elle constitue un petit pas sur un long chemin dans la lutte contre le tabagisme qui représente une menace réelle sur la santé publique. Pour le chef de service maladies cardiovasculaires au CHU Nafissa Hamoud (ex-Parnet), Pr Djamel Eddine Nibouche, qui s'est félicité de l'initiative, cette démarche «doit être accompagnée» de mesures préventives et dissuasives, notamment l'application des lois portant interdiction de fumer dans les lieux publics. «Des augmentations de la taxe sur le tabac ont été adoptées dans plusieurs pays, mais n'ont pas donné de résultats palpables sur le long terme», fait remarquer le praticien, ajoutant que le recul du taux de consommation était limité aux premiers mois de l'entrée en vigueur de ces décisions. Les pays à faible et moyen revenu ayant imposé une taxe de 10% sur la tabac n'ont enregistré qu'une baisse de 5% de la consommation, a-t-il étayé. Pour un plus grand impact de cette mesure, Pr Nibouche propose une augmentation de cette taxe à 20% sans toutefois négliger l'aspect prévention. Il s'agit, selon lui, de «faire obligation» aux entreprises de production de tabac de prendre en charge les malades présentant des affections liées au tabagisme. Pour sa part, le chef de service médecine interne au CHU de Sétif, Rachid Malek, a appelé au renforcement de la prévention en matière de lutte contre le tabagisme à travers des stratégies associant plusieurs secteurs et à la mise en œuvre des lois promulguées à cet effet. Une évaluation des résultats de l'imposition de cette taxe pour détermi-ner son efficience est nécessaire à son avis. De son côté, Pr Lahbib Douaghi, chef de ser-vice de pneumo-phtisiologie au CHU Hassani Issaad de Beni Messous (Alger), soutient que l'augmentation de la taxe, qui se répercutera sans doute sur le prix du paquet de cigarettes est de nature à réduire le niveau d'addiction à ce produit nocif. La multiplication des actions de prévention et de sensibilisation, notamment en milieu juvénile, constitue le meilleur moyen de réduire la «propagation de ce poison» et préserver la santé des générations d'aujourd'hui et de demain, recommande-t-il.