Evénement ■ De nouvelles interprétations de chants andalous pour l'une des grandes interprètes de noubas à la mode algéroise. Moins d'un an après, Beihdja Rahal revient sur le devant de la scène artistique, avec son 24e CD intitué Nouba Raml Maya. Composé d'une touchia, un m'sadar, un dardj, trois nassraf, l'album en question, pris en charge par les éditions Padidou, a été enrichi selon les désirs de la cantatrice par un nouvel instrument musical, le rbab. A cet égard, Beihdja Rahal apportera une explication à cette utilisation du rbab dans son orchestre : «L'instrument n'est pas exclusif à l'école de Tlemcen. Je l'ai introduit parce qu'auparavant il entrait dans les anciens orchestres algérois, il donne un son particulier.» Insistant sur le volet pédagogique du chant et de la musique andalouse, elle signale qu'elle a depuis quelques années privilégié ce domaine, autant que celui de la progression dans l'amélioration des investigations au niveau de la discographie et du patrimoine musical classique. Elle n'a pas caché au cours de sa conférence de presse, hier, à la salle Atlas, sa passion pour le genre musical si classique des noubas. Se référant à «un travail de qualité, authentique dans la véritable tradition Sanaa de l'école d'Alger», Beihdja Rahal, la puriste, n'a cessé de répéter face à la presse que la musique classique algérienne ne doit en aucun cas perdre son âme en s'ouvrant vers une quelconque réévaluation dite moderniste. L'interprète qu'elle est, c'est ainsi qu'elle se qualifie, ne peut concevoir que l'on puisse manipuler des textes, une poésie, une musique qui ont défié le temps par leur beauté et qui sont un patrimoine inestimable. «Aucune association de musique andalouse n'a le droit d'apporter des changements dans la manière d'interpréter une nouba. Une nouba reste une nouba», a-t-elle déclaré de manière catégorique. Ajoutant : «Si je faisais partie des décideurs de la culture, j'exclurai toute une association ou société de musique andalouse qui ne protège pas ce patrimoine national et universel.» Au sujet «d'une chasse gardée» de ce legs séculaire, Beihdja Rahal dira : «La musique andalouse n'est pas une chasse gardée de qui que ce soit. On doit mettre les noubas à la portée de tous...» L'artiste a abordé, suivant les questions des journalistes, plusieurs thèmes se rapportant à son métier à l'exemple du piratage, de son investissement financier pour faire aboutir son travail artistique, le sponsoring. Elle a répondu en toute franchise et sans détours : «J'ai lu dans la presse que désormais «Youtube» a signé des accords avec l'ONDA pour que cette dernière ait un regard sur les droits d'auteur. Cela ne peut qu'être bénéfique pour tous les artistes. Réaliser un CD exige un budget et en cela je suis consciente. J'assume, donc je paie de ma poche toutes les démarches pour promouvoir mes albums. Mon investissement est important. Malheureusement il n'existe pas de sponsoring pour le chanteur ou l'artiste. Aucune des grandes entreprises que j'ai contactées pour un sponsoring n'a accepté de le faire pour mon album. Leur réponse a été : «Nous ne sponsorisons pas ce genre d'événements.» Beihdja Rahal conclura : «On le fait pour le football mais pas pour le produit culturel et pour un patrimoine culturel ancestral !» Projets futurs, tournées à travers les wilayas du pays, sa prochaine prestation au Mougar, ce samedi 28 février à 18h, Beihdja Rahal s'est exprimée en ce sens avec la spontanéité qu'on lui connaît. Et de compléter sa rencontre avec la presse en ces termes concernant son œuvre de cantatrice : «Je fais un travail de qualité.» Tout est dit.