90 pieds-noirs sont arrivés samedi à Alger. Ils sont natifs du nord de l?Algérie ou du Sud, de l?Est ou de l?Ouest et sont originaires de différentes régions de France. Certains ont remis pour la première fois les pieds sur le sol algérien depuis plus de quarante ans. Jean, René, Charlette Marivonne sont, eux, natifs d?Alger, de Maison-Carrée, de Fort-de-L?eau (Bordj El- Kiffan) et d?Hussein Dey. Emus par l?accueil et l?hospitalité des «Algériens d?Algérie», ils s?interrogent cependant sur l?hostilité de certains d?entre eux. Ils ne comprennent pas l?attitude de ces jeunes dont le regard n?est pas indifférent, «mais qui en dit long». Ils n?aiment pas parler de «retour», mais évoquent les retrouvailles avec beaucoup d?émotion. Celle-ci a pris le dessus sur les appréhensions de certains, car d?autres ont l?impression de n?être jamais partis. Plus de quarante ans après, ils retrouvent leurs anciennes demeures, leurs quartiers mais surtout leurs anciens amis et voisins. Ils ont retrouvé, disent-ils, «l?autre partie d?eux-mêmes restée sur l?autre rive de la Méditerranée». La terre natale, de leur enfance, leur adolescence et leurs premières amours, se remémorent-ils, avec nostalgie. Dans tous les cas, pour ces «pieds-noirs algériens de France», comme ils se plaisent à le dire ce «voyage» leur a permis de se réconcilier avec un passé souvent douloureux et les a aidés à faire le deuil de la patrie perdue, à exorciser leurs craintes pour tourner une page pénible pour les deux communautés, précisent-ils.