Réaction ■ Les annonces faites récemment par des responsables du secteur des travaux publics concernant l'application du péage sur l'autoroute Est-Ouest ne sont pas du goût des automobilistes. Ces derniers s'interrogent sur cette attitude consistant en l'introduction du péage sur cette voie avant même qu'elle ne soit totalement achevée, notamment au niveau de l'est du pays. L'état de dégradation très avancée sur certains tronçons, nécessite plusieurs mois de travaux pour remettre cette autoroute dans un état praticable. Le passage dans certains endroits de cette infrastructure routière, appelée à son lancement «projet du siècle», est, aujourd'hui, synonyme de calvaire pour les automobilistes, au vu des multiples nids-de- poule, des trous et de fermetures de voies qui abîment aussi bien les amortisseurs des véhicules que les nerfs des conducteurs. Les usagers de cette autoroute n'arrivent pas à digérer les annonces relatives à l'étude des tarifs d'un éventuel péage à partir de 2016, alors que l'état de la chaussée est plus que déplorable. «Nous allons payer pour quel service ? pour les misères que nous éprouvons matin et soir sur cette voie usée de toutes parts ? Les hauts responsables n'ont-ils pas daigné, plutôt, réfléchir sur la manière de nous rembourser les réparations des véhicules à cause de la dégradation de cette autoroute ?...», s'interrogent, sur un ton de colère, plusieurs automobilistes croisés sur le tronçon de Lakhdaria, devenu totalement impraticable depuis plusieurs mois. «Avant de penser au péage, mesure somme toute logique, il fallait réaliser des travaux de réhabilitation de qualité et non pas se contenter de bricolage. Nos respon-sables veulent mettre la charrue avant les bœufs !», poursuivent nos interlocuteurs. En fait, les usagers de la route ne sont pas totalement contre l'application du péage, mais appellent plutôt à mettre en place les conditions nécessaires pour une circulation «paisible et sans soucis», avant de prendre toute mesure dans ce sens. «Si le péage est de mise dans plusieurs pays, notamment en Europe et en Amérique, ces pays possèdent des autoroutes répondant à toutes les normes à même d'assurer une circulation fluide et sans risques et aussi des aires de repos et de stationnement. Chez nous, il faut d'abord arriver à réaliser une autoroute aux normes requises, ensuite nous n'aurons aucune raison de nous opposer au paiement», souligne Omar, la cinquantaine, exerçant sur la ligne Constantine-Alger. «Dans les conditions actuelles, c'est à l'Etat de nous payer les frais des pièces de rechange, notamment les amortisseurs, qui prennent souvent des coups durs sur cette fameuse autoroute !», s'indigne notre interlocuteur. Les usagers se félicitent toutefois, du «bon sens» montré par les hauts responsables du secteur des travaux publics, qui ont lié l'application du péage à la réhabilitation de l'autoroute. «L'annonce du péage devrait, normalement, pousser ces responsables à mettre en place toutes les commodités nécessaires pour qu'ils puissent tenir leur engagement. Et là, tout un chacun devra trouver son compte. La pression est donc du côté des responsables, comme nous la subissons, à notre tour, depuis plusieurs années», s'accordent-ils à souligner.