Secousse ■ Lors du séisme d'El Asnam en 1980, de nombreuses histoires ont circulé, mettant en exergue les incroyables surprises que le destin réserve parfois aux pauvres créatures d'ici-bas. Mustapha s'approcha de sa femme qui se trouvait dans la cuisine et lui dit : — Il faut que je parte à Alger, Nadjet. J'ai quelques affaires à régler ! — Tu vas y rester longtemps ? — Euh... nous sommes dimanche, aujourd'hui, hein, je reviendrai vendredi après-midi. — C'est donc si important ! D'habitude tes déplacements ne durent jamais plus de deux jours. — C'est vrai, mais cette fois-ci,en plus d'un ou deux fournisseurs que je dois voir pour d'éventuelles négociations, j'ai aussi envie de rendre visite à des amis installés à Alger, Blida et Tipasa. Et puis, sincèrement, j'ai envie de me reposer un peu.Nadjet avait une entière confiance en son mari qui s'était défoncé au sens propre du terme pour que sa famille soit à l'abri du besoin, et il avait bien réussi dans son immense tâche puisque, à cinquante ans, il n'avait pas moins de quatre magasins éparpillés un peu partout à El Asnam et ses environs. Le Lundi 6 octobre, il se leva à 8 heures du matin, donna quelques consignes à ses fils, qui tenaient les magasins du prêt-à-porter et de chaussures, et s'en alla à bord de sa Peugeot 504. Arrivé à Alger en début d'après-midi, il déjeuna dans un restaurant et loua une chambre, au cas où il ne viendrait à aucun de ses amis l'idée de lui offrir l'hospitalité. Finalement, il avait eu tort d'avoir douté de leur sincérité. Ceux d'Alger, ils étaient au nombre de cinq, l'avaient tous invité chez eux. Il s'était même senti mal à l'aise à l'idée de passer la nuit chez l'un et de décliner l'invitation des autres. Les mardi, mercredi et jeudi qu'il avait passés avec eux étaient si sensationnels qu'il décida de différer son retour au samedi. Surtout que ses amis lui avaient suggéré d'aller voir un match de football ensemble comme au bon vieux temps. Le vendredi 10 octobre, Mustapha et ses amis étaient dans un stade, gesticulant dans tous les sens. C'est pourquoi ils n'avaient pas senti la secousse tellurique qui allait provoquer plus de 1000 morts et dont l'épicentre se trouvait à El Asnam. A suivre...