Afflux ■ Près de 900 victimes de brûlures, dont beaucoup d'enfants, ont été auscultés jeudi et hier à la polyclinique «Hassak Ali» au lieu- dit Hay Fekani. Ils sont venus de toutes les communes de la wilaya afin de bénéficier d'une consultation ou d'une prise en charge adéquate. Cette importante affluence a été suscitée par le déplacement d'une équipe médicale et paramédicale de la clinique centrale des brûlés d'Alger centre accompagnée de l'artiste Bahia Rachedi. Chapeauté par l'association de sensibilisation et de prévention des brûlures, cette action est une première en Algérie au profit de la catégorie de patients victimes de brûlures «sur les personnes consultées, plus d'une vingtaine seront opérées vendredi et aujourd'hui» nous dira le Dr Behloul, présidente de l'association. Le travail des chirurgiens a été départagé en 3 phases : la formation des médicaux et paramédicaux locaux, la consultation et la chirurgie au niveau de l'Eph, en troisième phase. «La majorité des cas sont en phase séquellaire notamment chez les adultes. Ils ont été victimes d'accidents domestiques lors de leur enfance» nous a expliqué Dr Benkada. Parmi les cas reçus, on retrouve des brûlés ayant maltraité ou ayant recouru au traitement traditionnel notamment des enfants. C'est le cas de cette fillette de 5 ans brûlée à l'eau bouillante depuis 8 jours et évacuée par ses parents de la wilaya de Tiaret après avoir entendu parler de cette opération à Djelfa «elle est victime de brûlures graves et étendues avec un retard de réanimation. Sa famille lui aurait remplacé son pansement placé dans une structure de santé à Tiaret par un traitement traditionnel. La petite doit être hospitalisée et évacuée en urgence aujourd'hui vers Alger. Elle vient de recevoir les premiers soins selon les moyens de bord de la polyclinique» nous expliqué le Dr Zerrouki médecin spécialiste en réanimation anesthésie. Mme Bahia Rachdi a bien rendu le sourire aux malades venus consulte et qui n'ont pas manqué de lui sourire et de demander de prendre des photos avec elle afin d'immortaliser ce moment «je tiens à remercier l'association pour cette initiative et a lancer un appel aux responsables pour aider ces chirurgiens bénévoles dans leurs actions. Je suis très triste de ce que je suis en train de constater de visu par rapport à la mauvaise prise en charge de nos brûlés en majorité des pauvres. Il faut les aider svp» nous a-t- elle déclaré les larmes aux yeux. La journée d'aujourd'hui sera consacrée à des opérations chirurgicales au profit de plus de 20 malades brûlés. Souad Labri Pr Bouattou «les structures restent insuffisantes» Pr Fadila Bouattou du service de la chirurgie plastique pour enfants brûlés (clinique centrale des brûlés) estime que le nombre des structure d'accueil des brûlés est insuffisant «les centres existants actuellement sont largement insuffisants pour la prise en charge de la brûlure correctement. Alger couvre 90% des enfants brûlés des 4 coins du pays. Elle n'a pas les moyens pour couvrir toutes ces régions. Pareil pour les 3 autres structures de quelques lits de Constantine, Annaba et d'Oran» nous a-t-elle affirmé. Selon Bouattou, la structure actuelle de prise en charge ne répond pas aux standards internationaux alors que l'Oms exige 1 lit de grands brûlés pour 1 million d'habitants «chez nous, nous avons 130 lits de brûlés pour une population d'environ 40 millions d'habitants» . En outre, elle rappelle que le brûlé doit être pris en charge par une équipe pluridisciplinaires (réanimateurs, diététiciens, psychologues et plasticiens). Berkahom, bdelkader et les autres «réparez-nous nos visages» Cachant de profondes douleurs et un traumatisme indélébile, Berkahom (18 ans) est venue du lieudit Sidi Baizid (Dar Chyoukh). Elle n'a pas cessé d'afficher son sourire dans un «demi visage» si on peut oser le qualifier ainsi. Un visage défiguré dépourvu de l'œil gauche. En plus, elle n'a pas de doigts à la main gauche. Berkahom est tombée dans le feu chez elle à l'âge de 3 ans «je jouais seule dans la cour de la maison devant le feu. J'ai eu ma crise habituelle d'épilepsie et je suis tombée directement dans le feu sans que ma mère ne s'en rende compte. Aujourd'hui, «je suis dans cet état que je ne n'arrive plus à accepter car la société est très dure», dit-elle. La jeune fille qui souhaite devenir un jour psychologue, n'a jamais mis les pieds dans une école, «j'ai été complexée par les enfantset même les grands» a-t-elle repris souhaitant avoir un visage «corrigé» avec lequel elle pourra affronter la société. Elle a déjà été traitée à Alger mais sans aller très loin dans ses soins réparateurs. «Mes parents ne pouvaient pas prendre en charge mon traitement. Je souhaite me faire traiter à l'étranger car chez nous, cela prendra beaucoup de temps. Cet accident je l'ai eu à l'âge de 3 ans, j'ai 18 ans aujourd'hui». De la formation à volonté Parallèlement aux consultations, un séminaire a été organisé au niveau de l'école paramédicale de Djelfa au profit du staff médical et paramédical de la wilaya. Outre l'évolution des compétences des professionnels de la santé au service de la qualité et des soins, le programme de la formation a été axé sur plusieurs thèmes importants au profit des médecines stagiaires de la Protection civile ainsi que les paramédicaux. On cite les éléments de diagnostic phythopathologique et pronostique, les bases thérapeutiques des brûlures cutanées, la conduite à tenir devant une brûlure de la main, les étapes de la cicatrisation et la gestion de la douleur chez les brûlés. Il y a lieu de souligner aussi qu'un groupe d'élèves lieutenants médecins de l'Ecole nationale de la protection civile et quelques médecins de la protection civile ont également pris part à cette formation. Certains sont venus d'autres wilayas pour bénéficier de cette formation et soutenir l'action. Ils ont même eu droit aux séances pratiques au niveau de la polyclinique. Il y a eu aussi la participation du Pr Merah, première femme légiste algérienne venue du service de la médecine légale du Chu de Beni Messous en plus de l'avocate, maître Benhalima, qui a parlé du volet juridique des cas de brûlures. Il y a eu aussi la participation de l'Ecole nationale de la formation pédagogique paramédicale, représentée par Mme Saidi qui a annoncé le lancement de la formation des paramédicaux pour la prise en charge de la brûlure.