En l'absence de cadre juridique, c'est un marché de 10 milliards de dollars qui échappe totalement au fisc et à l'Etat ! Les vendeurs de véhicules d'occasion doivent s'attendre à ce que les choses changent avec l'annonce d'un décret visant à réglementer l'activité, car en plus de la saignée que fait subir cette situation à l'économie nationale, elle a un impact direct sur la sécurité du territoire... Une autre aberration qui caractérise le marché algérien et qui mine le budget de l'Etat, sur laquelle les pouvoirs publics veulent se pencher. Hier, c'est Amara Benyounes qui indiquait que son département ministériel envisageait d'élaborer un projet de décret organisant ce marché. «Il faut absolument qu'on arrive à organiser le marché de véhicules d'occasion. Nous allons mettre en place, un groupe de travail pour préparer un projet de décret organisant ce marché», a déclaré le ministre du Commerce lors d'un point de presse en marge d'une visite qu'il a effectuée au Salon international de l'automobile qui se tient au Palais des expositions, jusqu'au 28 de ce mois. Nous n'en saurons pas plus sur les modalités de cette réglementation à venir, mais les exigeances d'exercer dans la transparence à travers un statut légal (registre de commerce notamment) semble se dessiner. D'autant qu'évoquant le sujet lors d'une rencontre, le président d'une Association de concessionnaires automobiles indiquait que «pour régulariser ce marché, il faut d'abord créer le métier de revendeur dans la nomenclature des activités commerciales pour permettre à ceux qui revendent des voitures de pouvoir travailler dans la légalité avec un registre de commerce». Il faut dire que l'absence de tout cadre juridique a généré un business des plus lucratifs, et avec de surcroît, une exonération totale de toute taxe fiscale. «Si on prend un prix moyen de 800 000 dinars par véhicule, cela fera 800 milliards de dinars de transactions, soit 10 milliards de dollars qui échappent totalement au fisc et à l'Etat», explique les spécialistes. Outre les revenus fiscaux pour l'Etat, la régularisation de la vente des véhicules d'occasion permettrait également de créer des emplois. «Chaque vendeur doit être obligé de disposer d'un local, de recruter des mécaniciens, des femmes de ménage, une secrétaire, etc. Il doit également fournir une garantie de six mois minimum à l'acheteur, ce qui signifie qu'il doit faire une révision générale du véhicule et effectuer d'éventuelles réparations avant de le revendre», font valoir ces derniers. Au-delà de la saignée que fait subir cette situation à l'économie nationale, elle a un impact direct sur la sécurité du territoire. En effet, l'achat et la vente de véhicules d'occasion se font exclusivement en espèce sur un marché dominé entièrement par l'informel. Conséquence : l'Etat n'a aucune traçabilité des transactions et n'a aucune connaissance des acteurs de ce marché. Les risques de blanchiment d'argent, provenant du trafic de drogue ou du terrorisme par exemple, sont énormes.