Concentration - De tous les partis politiques français agréés, le FN est sans doute celui qui compte le plus de partisans de l'Algérie française. Ce qui n'est pas du tout étonnant, quand on sait que son fondateur, Jean-Marie Le Pen, a pris part directement à la guerre d'Algérie et a même torturé des moudjahidine, selon de nombreux témoignages. Comme bon nombre de militaires qui ont participé à cette guerre, il n'a pas digéré, à ce jour, l'indépendance de l'Algérie, comme l'attestent ses prises de position à l'égard de notre pays. Cette haine de l'Algérie et des Algériens il l'a bien évidemment transmise à sa fille Marine qui lui a succédé à la tête du parti. Même si elle fait tout pour donner l'image de quelqu'un de «moderne» qui ne regarde pas trop vers le passé, elle finit toujours par prouver qu'elle est la fille de son père : à chaque fois qu'elle parle de l'Algérie et des Algériens, c'est automatiquement en mal. C'est la preuve qu'elle est «obsédée par la guerre d'Algérie», a déclaré à ce sujet Dominique Sopo, ancien président de l'association SOS Racisme. Il est vrai que quand on a été élevé par quelqu'un qui affiche publiquement ses sympathies pour l'OAS, on ne peut que lui ressembler. Plus explicitement, Marine Le Pen a pour compagnon le vice-président du FN, Louis Aliot, qui n'a pas hésité «à faire ovationner en meeting Bastien-Thiry, membre de l'OAS et organisateur de l'attentat du Petit-Clamart contre le général de Gaulle», selon le sociologue Sylvain Crépon. D'où vient cette nostalgie pour l'Algérie française pour ce député européen qui n'a jamais connu ni la guerre d'Algérie ni l'Algérie (il est né en 1969 à Toulouse) ? De ses origines pieds-noirs sans doute (sa mère est native de Bab El-Oued). Ce sont ces mêmes origines qui pousseraient de plus en plus de Français à voter pour le FN. C'est dans les départements du Sud (les Bouches-du-Rhône, le Var, le Vaucluse, les Alpes-Maritimes, le Hérault et les Pyrénées-Orientales), où la plupart des «rapatriés d'Algérie» se sont installés au lendemain de l'indépendance de l'Algérie que le parti d'extrême droite réalise, en tout cas, ses meilleurs scores au niveau national. Autant dire que les idées des partisans de l'Algérie française ne sont pas mortes avec l'indépendance de l'Algérie en 1962. Bien au contraire, elles progressent de plus en plus, comme en témoigne la percée du FN qui les a portées à bras le corps au cours des dernières élections.