Dégâts Bouhmama (Khenchela) ne célébrera pas cette année sa fête de la pomme. La grêle, qui a frappé à trois reprises (en avril, juin et août), a dévasté 90 % de la récolte. Le massacre est visible à travers les vastes vergers de cette localité montagneuse distante d?une vingtaine de kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Khenchela. Les pommes superbement matures se putréfient, par milliers, sur le sol des vergers. Celles qui sont encore accrochées aux arbres sont, selon le terme même des agriculteurs, toutes touchées. «Cette blessure est mortelle. Elle réduit quasiment à néant la valeur marchande du fruit qui ne fait maintenant qu?affaiblir l?arbre», a expliqué Abdallah Zeggada, ACV (Agent communal de vulgarisation) et arboriculteur sinistré. Sortis vainqueurs de leurs luttes acharnées contre, successivement, la carpocapse (chenille parasite de la pomme), les araignées des fruits et le clou de Saint-José dont le mérite aura été de parfaire la maîtrise des techniques culturales par des agriculteurs bouhmamis qui se sont retrouvés désarmés face à la grêle. «Cet aléa climatique dévaste immanquablement, chaque année, une bonne partie de la récolte, mais frappe rarement trois fois par an comme en ce 2004», note le président de l?association agricole du périmètre de mise en valeur par la concession de Ouled Mériem. De Taïchounet à Tichiraouine, en passant par Djaârir, Tagaoughir et Bouzouamel, le sinistre est identique. Mais c?est à Tarkent, Tazerout et Chir Ouled Bled que les grêlons du mois d?août ont été les plus «dévastateurs» : les grêlons y ont écorché même les troncs des pommiers. Leurs traces ressemblent à celles de balles d?armes à feu. Et chaque arbre touché est un arbre mort, relève le délégué municipal de la direction des services de l?agriculture. Une seule solution s?offre aux agriculteurs face à cet ennemi naturel : le filet antigrêle. L?idée fait son chemin parmi les paysans de cette commune de 10 000 habitants. Soucieux de sauver leurs pommiers, devenus leur principale ressource de subsistance et même leur seule richesse, beaucoup de ces paysans s?estiment incapables financièrement d?engager un tel investissement dont le seuil commence à 300 000 DA. Pour les douze associations agricoles locales ainsi que les techniciens des services agricoles, le Fonds national de régulation et développement agricole (Fnrda), à l?actif duquel il faut inscrire l?actuel essor de cette activité, est appelé à s?impliquer dans cette lutte, en élargissant la liste des équipements au filet antigrêle ayant fait ses preuves ailleurs.