Chef-d'œuvre n Nahla est un film de fiction, où le romanesque tient une large place malgré une guerre identitaire des plus cruelles pour les belligérants. Un long métrage de Farouk Beloufa, sorti sur les écrans en 1979 et qui, depuis, continue de marquer ses lettres de noblesse dans le registre cinématographique. Qui se souvient d'un des films qui marqua le cinéma algérien et le public, cinéphile ou non, d'il y a 36 ans ? Diffusé par la Télévision algérienne pour le grand public, l'œuvre de Farouk Beloufa avait marqué les esprits pour l'histoire qui se déroulait au Liban, durant les affrontements mettant en conflit les Palestiniens, les milices des phalanges libanaises d'obédience chrétienne et les partis musulmans. Autour de ce conflit qui dura de 1975 à 1990, il y avait l'idéal d'une arabité moderne avec tous les vecteurs qui y adhèrent en l'occurrence la diversité religieuse dans un Liban déchiré. Larbi Nasri – ce personnage est campé par Youcef Sayah – est un jeune journaliste algérien parti en reportage pour une couverture médiatique sur le conflit. Le reporter, imprégné par le malheur palestinien, l'engagement de l'Algérie à peine indépendante et une certaine fascination envers cette nation arabe et les mythes qu'elle véhicule, est plongé dans un climat de guerre qui déchire le Moyen-Orient et est entraîné dans une situation confuse et dramatique. Le prénom du journaliste, Larbi, un nom courant en Algérie et inconnu ailleurs se traduisant par «Arabi» dans le film est toute une symbolique pour cette «Ourouba» à construire, sans distinction de religion ou de communauté. Arabi au cours de son séjour fera la rencontre de trois femmes séduisantes chacune à sa manière attachées toutes à cette région «martyre ». La première, Nahla la chanteuse, qui cédera son nom au film, Maha journaliste, active dans le mouvement féministe et Hind militante palestinienne engagée. Toutes les trois sont des figures marquantes dans le film pour vouloir maîtriser un destin personnel avec en toile de fond le sentiment national, «lesquelles font de ce film l'un des plus beaux s'agissant de l'univers de ces passionarias arabes qui militent ou activent en faveur de l'émancipation du genre féminin». Un film de fiction, où le romanesque tient une large place malgré une guerre identitaire des plus cruelles pour les belligérants. La production de Farouk Beloufa a montré un jeune cinéma algérien de qualité, professionnel et l'une des réalisations cinématographiques remarquables du monde arabe. Influencé par le cinéma de Youssef Chahine avec lequel il a fait ses classes, Beloufa rappelons-le a été l'assistant du grand cinéaste égyptien pour le film Le retour du fils prodigue. Pour la petite histoire de ce film, dont le scénario a été coécrit par Farouk Beloufa et le romancier Rachid Boudjedra, le cinéaste a été inspiré par l'invasion israélienne de Kfar Chouba village frontalier du Sud Liban.