Début de journée n Zoubir venait de finir sa tasse de café ce matin-là, et s'apprêtait à se lever pour affronter une autre journée de travail lorsque sa femme vint s'installer en face de lui autour de la table de la cuisine. — Alors Zoubir as-tu réfléchi à ce que nous nous sommes dit cette nuit ? — Oui, j'ai réfléchi mais je trouve que je suis bien comme je suis : chauffeur de taxi clandestin ! Tout l'argent que je gagne, je le ramène à la maison. Alors qu'en devenant un chauffeur de taxi légal, je me retrouverai en train de payer les impôts et la CASNOS. Sans compter la licence de taxi que je dois louer.. Non, non, je t'assure que je suis bien comme je suis. De plus, contrairement au chauffeur de taxi légal qui est tenu de prendre tous ceux qui l'arrêtent moi, je ne prends que les voyageurs qui me plaisent. Sans compter que sur certaines lignes qui ne sont pas bien desservies, je peux demander le prix que je veux pour mes courses. Sais-tu que les taxis col- lectifs emmènent les gens, par exemple, de la Place du 1er Mai au Golf, à El Biar ou à Hydra pour la modique somme de 20 DA ? Moi, je les emmène pour dix fois plus. Et ils sont contents parce qu'ils arriveront à l'heure à leur travail ou à leur rendez-vous. Non, non, crois-moi, femme, je suis très bien comme je suis. — Et si tu prenais un voyageur à problème à bord de ta voiture ? Comment vas-tu te défendre vis-à vis de la loi ? Tu ne peux pas même pas déposer plainte au poste de police parce que toi déjà tu es en infraction. — Femme, cesse de voir des problèmes partout. Tout ira bien… Je t'assure. Ce jour-là, c'était le 12 juin 2011, Zoubir prit à bord de sa Peugeot 406 deux passagers d'une trentaine d'années environ depuis la place des Martyrs. D'habitude, il prenait ses passagers de la place du 1er Mai. L'un se rendait à Bab-Ezzouar et l'autre à Bordj El-Kiffan. Le passager pour Bordj El-Kiffan n'était pas tout à fait un inconnu pour Zoubir. Il l'avait déjà pris deux ou trois fois de Bab El-oued. Mais l'autre… A suivre…