Ecriture n L'auteure se montre soucieuse d'entretenir la mémoire de son père et tient à constituer une archive dense et diversifiée sur le parcours intellectuel et journalistique de ce dernier. «Amar Belkhodja, l'arpenteur de la mémoire» est l'intitulé du livre signé du Dr. Khdidja Belkhodja, paru aux éditions Alpha. A travers cet ouvrage, l'auteure, la fille de ce dernier, s'emploie à faire mieux connaître son père, journaliste-historien, dont elle révèle certaines facettes inédites de son parcours journalistique, et ce, notamment par le biais d'articles parus sur le quotidien El Moudjahid où il officiait. S'exprimant sur la raison l'ayant motivé à faire ce livre, Dr. Khdidja Belkhodja, de formation et de profession vétérinaire, raconte : «C'est mon premier livre et c'est un ouvrage qui ramasse la biographie de mon père. Alors ce qui m'a poussé à le faire, c'est que j'ai accompagné mon père dans toutes les difficultés lorsqu'il faisait les biographies des personnalités nationales. J'ai vu que c'est très difficile d'avoir les archives, pour avoir le contact de ces personnalités, donc je me suis dit ça serait bien de le faire de son vivant.» C'est ainsi que Dr. Khdidja Belkhodja, soucieuse d'entretenir la mémoire de son père, tient à constituer une archive dense et diversifiée sur le parcours intellectuel et journalistique de Amar Belkhodja, cet homme qui, à travers ses écrits, se consacre à la recherche historique. Il est l'auteur de «Ali El Hammami et la montée du nationalisme algérien», «Barbarie coloniale en Afrique», «Marie-Claire Boyet : la martyre de Tagdempt», «Ali Maâchi», «Art et combat» et bien d'autres. En outre, l'auteure explique que «ce livre facilitera le travail pour les jeunes étudiants de demain et les futurs chercheurs ou les chercheurs d'aujourd'hui, s'ils veulent faire un travail sur l'histoire». «C'est ouvrage de référence qui leur facilitera la tâche. On y trouve toutes les références», dit-elle. Par ailleurs, Dr. Khdidja Belkhodja déclare qu'il est essentiel de travailler sur la mémoire. «Comme le dit mon père, cette jeunesse a des attaches très fragiles avec leur passé, donc ça serait bien que ces jeunes-là voient à travers cet ouvrage les nombreux sacrifices qu'ont fait beaucoup d'Algériens pour la libération du pays», souligne-t-elle. L'auteur cite aussi dans cet ouvrage tous les déboires et toutes les déceptions qu'avait connus son père en exerçant son métier de journaliste. «Il a fait l'objet d'un premier licenciement dans les années 1970. A chaque fois qu'il dévoile une vérité, il subissait des répressions. En 1982, il a connu un autre licenciement», raconte-t-elle. «Amar Belkhodja, l'arpenteur de la mémoire» se présente comme un riche et important document archivistique. Il se présente donc comme un accès facile et direct à la mémoire collective. Dr. Khdidja Belkhodja déplore que l'absence – ou le manque – d'archives freine la recherche sur la mémoire, donc sur l'histoire. D'où la question : quelles sont les difficultés pour accéder aux archives ? «Il me semble que beaucoup de gens gardent leurs témoignages, leurs archives pour eux, il n'y a pas cette confiance pour livrer cette mémoire aux bibliothèques nationales. C'est difficile de travailler sur la mémoire à défaut d'archives», répond-elle, et de nuancer : «L'on constate toutefois que ces dernières années commencent à écrire leur mémoire, ce qui constitue à l'avenir un important fonds archivistique. Mais il y a toujours un manque de biographies.» Pour elle, il faut libérer la mémoire et la mettre à la disposition des chercheurs et historiens pour la livrer à la société, aux jeunes générations. Il faut entretenir la mémoire, la cultiver. Dr. Khdidja Belkhodja rejette l'idée selon laquelle la société algérienne a tendance à oublier. «Les jeunes ne connaissent pas toute leur histoire, parce qu'elle ne leur a pas été dite dans son intégralité. Beaucoup de choses leur ont été cachées. Il faut dès l'enfance et jusqu'à l'âge adulte alimenter cette mémoire, notre mémoire collective. Notre histoire a été confisquée. Il y a des mensonges qui ont été dits sur certains aspects de notre histoire. Notre histoire –notamment celle de la Révolution– reste , otage».