Constat n. La généralisation de l'arabisation de l'école algérienne a permis, aujourd'hui, l'émergence d'un lectorat plus dense. Une des thématiques ayant été développées au cours de la deuxième journée du Forum «Roman Algérie», qui se tient à la Bibliothèque nationale, a concerné «La littérature algérienne d'expression arabe, un chemin parcouru», ou la compréhension de la trajectoire de cette composante littéraire dans le champ culturel. Un sujet d'actualité de par la richesse des œuvres produites, de leur teneur et des auteurs qui ont su faire entendre la voix de la culture algérienne dans le monde arabe. La généralisation de l'arabisation de l'école algérienne, et c'est là un fait indéniable, a permis aujourd'hui l'émergence d'un lectorat plus dense, tourné soit vers une pratique de lecture dite légère via la presse écrite ou autre publication périodique, ou vers une pratique de lecture littéraire. Il faut convenir que la publication de romans en arabe a investi l'espace culturel algérien non sans avoir légitimé un lectorat pluriel. En effet, la production romanesque ou poétique algérienne en langue arabe a forgé sa place dans le champ littéraire algérien. Wassini Laâredj, Amin Zaoui, Rachid Boudjedra, Benhadouga, Bagtache ou Bourayou, pour ne citer que ceux-là, ont donné du sang neuf, d'une part, à la littérature algérienne de langue arabe, et d'autre part, au contexte de l'écriture dite contemporaine. A cet égard, on peut considérer que le tissu contextuel de la production littéraire en arabe post- indépendance peut s'affirmer comme étant le nouveau roman. Certes, il faudra attendre pour que le roman de langue arabe vienne à opter pour une orientation intellectuelle réaliste. Au-delà d'une critique sévère sur les orientations des différents courants littéraires en langue arabe, reconnaissons que le nouveau champ littéraire algérien en langue nationale a opté pour une orientation intellectuelle réaliste et une sémantique moderne. On considère que Reda Houhou a été le père du roman en langue arabe avec «La belle de La Mecque», publié dans les années 40. Un récit naïf, sans recherche sémantique, mais son auteur demeure, selon Wassini Laâredj, «le premier écrivain de langue arabe à faire une incursion dans l'écriture romanesque. Et si Laâredj admet que le récit manque de teneur littéraire, il n'en reste pas moins que Reda Houhou reste le père fondateur de la littérature romanesque algérienne en langue arabe. Ceci dit, le cheminement littéraire parcouru par la littérature algérienne d'expression arabe se caractérise par l'émergence de nouveaux talents, un nouveau genre romanesque en adéquation avec les préoccupations des temps modernes, les attentes de la société, les idéaux d'une jeunesse à la recherche d'elle-même. Une production livresque de qualité, qui peut s'enorgueillir des prix et reconnaissances internationaux et rivaliser avec les écrivains du monde arabe. Ici également s'impose la question de la traduction des œuvres littéraires nationales en arabe vers le français et vers le tamazight pour une pluralité de l'identité culturelle algérienne. A cet égard Wassini Laâredj a laissé entendre que la traduction de ses œuvres en tamazight, un fait auquel il n'a jamais pensé, serait une richesse culturelle dans le paysage culturel.