Trop longtemps, des pseudo industriels, artisans, se sont vu octroyer des terrains, ou des locaux au titre d'une activité ou d'un investissement productif par des tours de passe-passe dont eux seuls connaissent le secret. Seulement voilà, non seulement ces établissements ne produisent rien, mais des centaines, voire des milliers, de projets industriels et artisanaux viables sont écartés ! Et c'est toute une économie qui en pâtit. Un espoir est né récemment avec différentes mesures visant à mettre de l'ordre dans ce grand cirque qui n'a que trop duré ! Que certains arrivent à se faire octroyer des concessions ou des locaux sans justifier d'un quelconque savoir-faire est une chose, mais que ces derniers ne servent qu'à se forger un statut social sans le moindre apport à l'économie que ce soit en termes de création de richesses ou d'emplois est tout simplement insupportable ! L. S. Produisez ou faites place ! Disposition n Des locaux à usage professionnel à l'abandon, des «industries» s'étendant sur des dizaines d'hectares d'où n'est jamais sortie ne serait-ce qu'une allumette, un constat bien amer qui n'a que trop longtemps fait partie du paysage économique du pays… La chute des prix du pé-trole aidant, les autorités décident de mettre de l'ordre dans cette innommable situation. «Inadmissible !». C'est ainsi que qualifiait récemment la ministre déléguée auprès du ministre du Tourisme et de l'Artisanat, chargée de l'Artisanat, Aïcha Tagabou, la situation que connait son secteur. «Il est ina-dmissible que des locaux demeurent fermés alors que des artisans actifs en ont un besoin pressant», indiquait la ministre, évoquant des locaux attribués à des artisans et qui ne les exploitent pas. «L'artisan n'exploitant pas l'espace attribué en sera privé et le local remis à un autre artisan disposé pour travailler», a ajouté la ministre déléguée, précisant que les locaux octroyés dans le cadre du programme du président de la République et ceux attribués dans des centres de l'artisanat sont concernés par cette mesure. Un investissement de l'Etat qui se devra dorénavant d'être exploité «utilement» dans leur intérêt et dans l'intérêt de l'économie nationale, a-t-elle alors martelé, avant d'inviter les responsables des Chambres de l'artisanat et des métiers à élaborer des cahiers des charges aux attributaires de ces locaux et à en «assurer l'application sur le terrain». Outre l'artisanat, l'industrie souffre du même phénomène d'abandon depuis de longues années. Mieux vaut tard que jamais, c'est le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, qui a récemment jeté un pavé dans la mare en annonçant la récupération prochaine de 60% du foncier industriel concédé par l'Etat à des investisseurs, restés à ce jour inexploités, en vue de le mettre à la disposition d'autres investisseurs. «60% du foncier industriel concédés par l'Etat à des investisseurs, non encore exploités, seront prochainement récupérés», a déclaré M. Bouchouareb, au cours d'une rencontre avec des investisseurs locaux, à l'issue d'une visite d'inspection de nombreuses unités industrielles de la wilaya de Djelfa en tout début du mois en cours. Il a ainsi fait part d'une action en cours, en coordination avec les walis en vue de «déterminer la superficie de ce foncier, pour sa récupération et sa mise à la disposition des investisseurs désireux de concrétiser leurs projets et qui n'ont pas trouvé d'assiettes pour ce faire». «II est inconcevable de laisser des assiettes foncières inexploitées pour une durée de plus de 15 ans, alors que des personnes veulent les exploiter», a indiqué le ministre, assurant qu'il sera mis un terme à cette inqualifiable situation. Lyes Sadoun 40 000 locaux inexploités ! Les chiffres de l'Ugcaa communiqués il y a quelques mois sont édifiants. Plus de 40 000 locaux commerciaux à travers le territoire national sont inexploités, dont 1 500 à Alger. Pour l'Union générale des commerçants et artisans algériens, comme pour beaucoup d'Algériens, cette situation est inadmissible. D'autant qu'elle favorise la prolifération de vendeurs et de marchands informels. Le porte-parole de l'Ugcaa, Hadj-Tahar Boulenouar, évoquant ces chiffres, déplorait dans une intervention que de nombreux marchés construits demeurent toujours fermés et inexploités, ainsi que tous ceux dont les travaux de construction ont été interrompus. Idem pour les marchés réalisés dans «des endroits isolés et sans étude» qui ne sont pas utilisés. Il cite aussi tous les espaces des anciennes Galeries algériennes et ceux des anciens Souk El-Fellah qui restent inutilisés. L. S. L'Algérie privée de 10 millions de tonnes de phosphate ! Parallèlement aux démarches entreprises pour récupérer ces terrains, de nombreuses incitations au profit des opérateurs désireux d'investir dans de nombreux secteurs vitaux, dont le besoin est exprimé en Algérie, au lieu de recourir à l'importation ont été introduites par les lois de finances et complémentaire 2015, de même que la loi de finances 2016. A titre indicatif, le ministre de l'Industrie dans son intervention avait évoqué le phosphate, dont l'Algérie pourrait détenir le plus grand stock, en le transformant et en l'exploitant, par une production annuelle de 10 millions de tonnes, au lieu de l'exporter à l'état brut. Parallèlement, le ministre a fait état de négociations en cours avec un partenaire chinois pour l'exploitation du gisement de Gara Djebilet (Tindouf). L. S. Six mois pour tout refaire M. Bouchouareb a affirmé que «le problème du manque de foncier industriel sera définitivement résolu dans les six prochains mois», et ce, grâce au parachèvement, durant le premier trimestre 2016, des travaux de réalisation de 18 zones industrielles sur une surface de 5000 ha à l'échelle nationale. Ces zones industrielles s'ajouteront à 31 zones déjà concrétisées, à ce jour, sur une superficie foncière de plus de 8000 ha. L'exploitation du surplus du foncier industriel relevant du domaine public et l'imposition, au titre de la loi de finance 2016, d'une taxe de 3% sur la valeur réelle du foncier non exploité, sont les autres solutions préconisées pour régler le problème, a ajouté le ministre. Dès le mois de décembre, c'est le décret exécutif obligeant les concessionnaires à exploiter leurs terres qui est attendu et qui devrait donner déjà un avant-goût de ce qui se prépare pour les prochains mois.