«On a hâte d'y être !» * Avec les changements que Saâdane vient d'opérer dans l'équipe, vous allez retrouver votre rôle d'attaquant, comme en club. Ça vous change du rôle de défensif que vous avez connu jusque-là, non ? A vrai dire, en club, je joue carrément en pointe de l'attaque. Mais là, je suis un peu excentré à droite, une sorte d'ailier droit classique, avec derrière moi un arrière latéral type. Mais je ne sais pas si c'est comme ça qu'on va jouer ou pas, car dans le foot, le coach peut opérer des changements avant le match. Mais si ça reste comme il vous l'a annoncé, cela va me libérer des tâches défensives habituelles. * C'est un poste qui vous arrange bien, non ? C'est sûr que je préfère jouer devant, mais lorsque le besoin s'en fait ressentir, il n'y a pas de préférence qui tienne. On jouera tous là où le coach a besoin de nous. Mais c'est vrai que je serai beaucoup plus libéré et j'aurai plus d'intentions offensives. Maintenant, bien qu'on préfère jouer devant ou derrière, il ne suffit pas de parler, mais de prouver sur le terrain que le coach ne s'est pas trompé en nous mettant là où il veut. * Mais à force d'avoir pris l'habitude de revenir défendre, vous seriez peut-être tenté encore de vous replier en défense, un peu par réflexe conditionné, non ? Ce sera selon le contexte du match. S'il fait très chaud, il nous faudra avoir un bloc défensif très compact et surprendre par des contre-attaques. Mais c'est vrai que ça va me donner plus d'assurances derrière, car je ne serai pas obligé à vite revenir au niveau de Madjid Bougherra pour l'aider à défendre. Avant, les courses étaient beaucoup plus longues, mais aujourd'hui avec cette chaleur, on essaie de courir un peu moins pour s'économiser et jouer intelligemment. Ce sera donc sans doute un avantage pour moi de ne plus revenir en retrait comme avant, surtout avec cette chaleur. Mais on doit tous défendre lorsqu'on perd le ballon, ça c'est clair. Mais c'est un système qu'on n'a pas beaucoup travaillé et j'espère que les automatismes seront là demain. * Depuis quand avez-vous commencé à travailler ce système ? Depuis le début du stage au Castellet. En fait, le coach nous a fait travailler plusieurs variantes, selon beaucoup de paramètres. Il nous a bien expliqué que d'un match à l'autre, ce n'est pas sûr qu'on garde le même système. Il va falloir qu'on s'adapte à beaucoup de facteurs. On est des joueurs professionnels et l'on se doit de le démontrer. On a tous fait ça en club, il n'y a pas de raison pour qu'on ne le fasse pas en EN. * Ne pensez-vous pas que Bougherra et Raho vont mettre un peu de temps avant de retrouver les réglages, vu qu'ils n'ont pas joué ensemble depuis longtemps ? Je pense que c'est plutôt les cinq ou dix premières minutes du match qui sont les plus importantes à gérer, pas seulement sur le plan tactique, mais surtout sur le plan physique, avec cette chaleur qui règne ici. Je parle de ce que j'ai vécu personnellement en Afrique et je sais maintenant qu'au début, il faut savoir gérer sans trop se dépenser en allant tout de suite vers l'avant. Il faut savoir économiser ses forces et dépenser son énergie de manière intelligente. * Vous allez faire attention à la sueur sur le corps avec toute cette humidité et la chaleur, non ? On a vu que déjà à l'entraînement, on transpire énormément et même dans les chambres on continue à s'hydrater continuellement. On boit beaucoup d'eau dans la journée. Donc, on essaie de se rafraîchir tout le temps pour rester le plus frais possible. * Vous qui avez beaucoup bossé au Castellet, sentez-vous aujourd'hui dans cette chaleur les fruits de votre travail concrètement ? Vous savez, c'est dans ma nature de vouloir bosser plus chaque jour, car je suis constamment à la quête du progrès. J'aime beaucoup m'améliorer et seul le travail peut apporter le plus qu'on recherche. Je suis un acharné du travail, car je suis persuadé que ça finira par payer un jour. J'espère maintenant que je vais récolter les fruits de tout ce travail le plus tôt possible et si ça me sourit déjà dans ce match face au Malawi, ce serait vraiment bien. On ne connaît jamais à quel moment la récolte sera bonne, mais il faut toujours continuer à semer en espérant récolter le fruit de son labeur le plus tôt possible. * Vous serez plutôt au service des deux joueurs de pointe. Est-ce que vous sentez que Ziaya est déjà réceptif à vos placements et est-ce qu'il sait déjà anticiper sur vos intentions ? Oui, bien sûr ! J'ai même remarqué cela à l'entraînement, en le voyant essayer de jouer selon nos habitudes. J'ai beaucoup apprécié cela. L'équipe a déjà des automatismes depuis quelque temps et Ziaya tentait de comprendre comment ça jouait entre nous. Mais pour lui, c'est surtout avec Ghezzal qu'il doit trouver les automatismes pour ne pas faire les mêmes appels et se marcher sur les pieds. C'est en communiquant entre eux qu'ils vont parvenir à jouer ensemble. * Est-ce que vous sentez qu'ils s'entendent bien entre eux sur le terrain ? C'est sûr que d'après ce que j'ai vu, on peut être content de leur entente. Mais on ne peut pas juger ces deux joueurs juste en se basant sur les entraînements. Car entre un match et un entraînement, il y a toujours un monde qui les sépare. On va devoir attendre le match contre le Malawi pour voir ce que ça va donner entre eux. Nous ce qu'on a vu à l'entraînement nous a bien rassurés, vu qu'ils ont fait beaucoup de belles séquences. * Et si vous deviez définir le jeu de Ziaya ? Quand je l'ai vu les premiers jours à l'entraînement, il m'a un peu surpris par sa spontanéité dans le geste et dans les tirs. Il est vachement adroit devant le but, il tente, il ose, et ça m'a agréablement surpris. Non, franchement, c'est un bon joueur. * Pensez-vous qu'il a sa place en Bundesliga ? Au vu de ce que j'ai vu, je dirai qu'il sa place dans certains clubs en Allemagne facilement même. * Avez-vous discuté avec lui pour lui dire qu'il aurait mieux fait d'aller en Europe ? Oui, je lui ai parlé de cela. Je lui ai dit qu'il aurait mieux fait de tenter sa chance en Europe. Je lui ai dit qu'il fallait qu'il tente le coup, peu importe les conditions. J'ai beaucoup de respect pour les autres championnats, mais, il faut reconnaître que c'est en Europe qu'il pourra progresser plus. Mais bon, c'est son choix et il sait ce qu'il fait, je pense. * Dans quel état d'esprit se trouve l'équipe, à quelques heures du début de votre match contre le Malawi ? Tout le monde s'impatiente dans l'équipe. On a tous hâte d'y être, il n'y a pas de doute. Nous avons terminé notre préparation et tout s'est passé dans de bonnes conditions. On va aller visionner le Malawi encore une fois, avec plus de détails cette fois. L'autre jour, j'avais vu juste des extraits de leurs matchs mais j'ai déjà une idée sur leur jeu. * Et vous trouvez comment le jeu du Malawi ? Je dirai que c'est une équipe assez compacte et solide défensivement. On sent qu'elle est bien organisée derrière. Mais j'aurai une idée plus précise une fois que j'en aurai vu un peu plus. * Qu'est-ce que vous regardez chez l'adversaire ? J'essaie de comprendre comment ils développent leur jeu, leurs actions en attaque et comment réagit leur défense entre autres. * Comment gérez-vous cette chaleur et toute cette humidité ? Pour moi, hamdoullah, ça va de mieux en mieux. Hier déjà, j'étais bien et aujourd'hui, je me suis senti encore mieux et je suis sûr que demain pour le match, ça va s'améliorer encore (interview réalisée hier en fin d'après-midi). Pour bien s'adapter au climat, il ne faudra pas aller à fond d'entrée. Le stade dans lequel on jouera est fermé d'en haut, donc je pense que ça va aller. Maintenant s'il fait chaud, ce sera pareil pour tout le monde ! Je ne m'inquiète pas plus que ça. Car tout le reste, c'est dans la tête et dans le cœur. * Pour rassurer un peu les Algériens, pourriez-vous nous dire un mot sur la sécurité ici à Luanda, après ce qui est arrivé au Togo ? Franchement, là où on est, je n'ai pas senti la nécessité de renforcer le dispositif de sécurité, car il ne se passe absolument rien d'anormal. Je ne me sens pas du tout en insécurité ici. Déjà que les gens sont super gentils et très accueillants. Je me sens en totale sécurité ici à Luanda. Maintenant, on ne peut pas minimiser ce qu'est arrivé à l'équipe du Togo. Mais je pense que c'est propre à cette région. * Un mot Karim sur ce groupe qui va se jouer désormais à trois, après le retrait du Togo ? Ils se sont retirés ? Vous venez de me l'apprendre. Eh bien, ça se comprend très bien. Moi à leur place, je n'aurais attendu la décision de personne. J'aurais pris mon sac et je serais rentré directement chez moi. Il faut les comprendre après tout ! Il y a eu deux morts dans leur équipe. C'est grave tout de même ! Ils n'ont plus la tête à jouer au football. Il faut les comprendre. Après ce qu'on a vécu en Egypte, on était beaucoup moins concentrés et il ne s'agissait pas comme pour les Togolais de balles réelles et de morts. Ils ont raison de ne pas jouer. Je suis vraiment peiné pour ce qu'il leur arrive. Je compatis pleinement à leur douleur. Le football est censé rassembler les peuples. On ne vient pas jouer au foot pour mourir ou risquer sa vie. * Ça ne va pas affecter les joueurs qui vont jouer la CAN ? Non, en tout cas, pas ceux qui vont jouer ailleurs que dans cette région où il y a eu l'attentat. Mais pour ceux qui y sont, ça va être un peu difficile de les faire jouer sur place. * Mais si vous allez au second tour, vous risquez de jouer justement là-bas… Eh bien, c'est à nous de faire en sorte de finir premiers de notre groupe et rester à Luanda. * Un mot pour le public algérien avant le match contre le Malawi ? Tout ce que je peux leur dire, c'est que l'équipe est bien prête pour cette CAN sur tous les plans. Je peux vous assurer que nous mouillerons le maillot et nous nous battrons jusqu'au bout dans cette CAN. Nous jouerons surtout pour ne pas avoir de regrets en sortant de cette compétition. * Vous allez jouer sans votre public, ça va être comment cette fois ? Nos supporteurs vont nous manquer, mais ce n'est pas grave, puisqu'ils sont dans nos cœurs ! Entretien réalisé par Nacym Djender