Constat n Machine à calculer, walkman ou portable, baskets de luxe, les lycéens d'aujourd'hui ne connaissent pas leur bonheur et nous ne parlons pas de certains étudiants qui arrivent aux cours à l'université dans des voitures hors de prix. Toutes ces facilités et tout ce confort qui frise parfois le m'as-tu-vu les jeunes Algériens les doivent d'abord et avant tout à l'indépendance, à cette Algérie qui n'a jamais caché son opulence à ses enfants — pas tous bien sûr — (mais cela est une autre histoire)… Il est peut-être bon de rappeler à ces insouciants dans quelles conditions leurs pères et leurs grands-pères étaient scolarisés avant l'istiqlal. Jules Ferry, un ministre avant-gardiste de la République française avait rendu dès 1881 l'école obligatoire, gratuite et laïque. Indépendamment du bon sentiment qui voulait qu'on permette à tous les Français l'accès au savoir et à la culture, il y avait cependant une arrière-pensée politique dans la tête de ce commis de l'Etat. Par son caractère laïc, Jules Ferry voulait empêcher par tous les moyens le clergé de se mêler de l'éducation des enfants, c'est-à-dire l'Eglise. Mais qu'est-ce que cela pouvait bien changer pour les petits indigènes des années 40 et même 50 ? Pas grand-chose, sinon qu'elle était sélective cette éducation, comme nous le verrons un peu plus loin. Pour qu'un jeune Algérien soit inscrit à l'école, il lui fallait impérativement avoir 6 ans révolus, et si d'aventure il ne lui manquait que 15 jours pour boucler les 6 ans, aucune dérogation ne lui était permise. Il devait attendre parfois jusqu'à la prochaine rentrée où il aurait 7 ans… A cette rentrée des clas-ses toujours fixée au 1er octobre, il devait obligatoirement porter un tablier noir, à défaut une blouse noire. Ses fournitures scolaires en classe d'initiation étaient simples : il devait acheter un cahier, une ardoise, de la craie, un crayon, une gomme et un paquet de crayons de 6 couleurs. Ses instituteurs étaient naturellement des Français et certains parachutes de l'Hexagone ne comprenaient pas un mot d'arabe. La première chose que l'on apprend aux élèves est de croi-ser les bras quand l'instituteur explique une leçon au tableau. La seconde est qu'on se lève lorsqu'une personne étrangère entre en classe. Et la troisième est qu'on enlève son bérêt ou sa chéchia lorsqu'on rencontre le maître dans la rue. Dans les classes supérieures, on interdit aux élèves de parler leur langue, y compris pendant les heures de récréation. Dans certains cas, on ira même jusqu'à leur conseiller de ne pas faire le ramadan en période d'examen. Chaque matin et à tour de rôle un élève est chargé d'effacer le tableau et de passer un chiffon mouillé. Mais il y avait pire dans cette école et qui montrait tout le mépris des enseignants à l'égard des Algériens. Avant d'entrer en classe, le maître vérifiait chaque matin l'état des ongles des élèves et la longueur de leurs cheveux.