Réaction n L'exécution en Arabie saoudite du chef religieux chiite Nimr Baqer al-Nimr, figure de la contestation contre le régime, a suscité l'indignation dans le monde chiite et une crise diplomatique avec Téhéran. Les protestations les plus fortes sont effectivement venues d'Iran, puissance chiite qui a averti que Riyad paierait «un prix élevé» pour l'exécution du cheikh Nimr, tandis que des appels à manifester ont été lancés pour aujourd'hui dimanche. Des manifestants ont lancé des cocktails Molotov dès hier samedi contre l'ambassade d'Arabie à Téhéran, incendiant une partie du bâtiment. Ils ont lancé des cocktails Molotov contre l'ambassade et ont pu pénétrer à l'intérieur de l'enceinte diplomatique avant d'en être évacués par la police. «Le feu a détruit l'intérieur de l'ambassade», a déclaré un témoin sur place. «La police est omniprésente et a dispersé les manifestants, dont certains ont été arrêtés», a-t-il ajouté. Ce matin, le procureur de Téhéran a annoncé l'arrestation de 40 manifestants. «Jusque-là, 40 personnes qui se sont introduites à l'intérieur de l'ambassade ont été identifiées et arrêtées. L'enquête se poursuit pour identifier les autres responsables de cet incident», a déclaré le procureur. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien avait même demandé, hier samedi, à la police diplomatique de protéger les représentations de l'Arabie saoudite. Le ministère saoudien des Affaires étrangères avait convoqué quelques heures plus tôt l'ambassadeur d'Iran pour protester contre «les déclarations agressives» de Téhéran, estimant qu'elles représentent «une flagrante ingérence dans les affaires du royaume». Peu après, Riyad a accusé l'Iran, pays «sans vergogne», de «fulminer au sujet des droits de l'Homme» alors que Téhéran mène des exécutions «sans cadre légal clair». Et le porte-parole du ministère saoudien des Affaires étrangères a ajouté que le régime iranien était bien «le dernier à pouvoir accuser d'autres de soutenir le terrorisme». Les condamnés, 45 Saoudiens, un Egyptien, un Tchadien, jugés dans différentes affaires, ont été exécutés au sabre ou par balles dans douze villes du royaume. La plupart étaient des djihadistes du groupe Al-Qaïda. Après l'exécution du cheikh Nimr, quelques centaines d'hommes et femmes avaient manifesté en Arabie saoudite dans la ville à majorité chiite de Qatif à l'est du pays, arborant des portraits du dignitaire chiite. Le cheikh Nimr al-Nimr, 56 ans, virulent critique de la dynastie sunnite des Al-Saoud, a été la figure de proue du mouvement de contestation qui avait éclaté en 2011, dans la foulée des printemps arabes, dans l'est de l'Arabie où vit l'essentiel de la minorité chiite. Cette communauté, qui se concentre dans la province orientale riche en pétrole, se plaint d'être marginalisée dans ce pays majoritairement sunnite. L'exécution du cheikh Nimr «provoquera la colère des jeunes chiites en Arabie saoudite», a mis en garde son frère, Mohammed al-Nimr, dans un entretien. «Il y aura des réactions négatives à l'intérieur du royaume et à l'étranger mais nous espérons qu'elles seront pacifiques». Le cheikh Nimr avait été condamné à mort en octobre 2014 pour «terrorisme», «sédition», «désobéissance au souverain» et «port d'armes» par un tribunal de Riyad.