Tension n Si la colère est particulièrement forte en Iran, des chiites ont manifesté aussi en Arabie saoudite, en Irak, au Yémen, au Liban, à Bahreïn, au Pakistan et au Cachemire indien. La mise à mort, samedi, du cheikh saoudien Nimr Baqer al-Nimr, opposant virulent au pouvoir à Riyad, a suscité de violentes critiques de l'Iran, mais aussi des manifestations lors desquelles l'ambassade saoudienne à Téhéran a été incendiée au cocktail Molotov dans la nuit de samedi à dimanche et le consulat saoudien attaqué dans la ville de Machhad (nord-est de l'Iran). Une qua-rantaine de personnes ont été arrêtées. En réaction à ces violences, l'Arabie saoudite a annoncé hier la rupture de ses relations diplomatiques avec l'Iran. Elle a «donné 48 heures aux membres de la représentation diplomatique iranienne pour quitter le pays», a annoncé le chef de la diplomatie saoudienne, Adel Al-Jubeir. Les attaques contre les représentations saoudiennes constituent «une violation flagrante des conventions internationales», a dénoncé M. Jubeir, accusant Téhéran de n'avoir «pas coopéré» malgré les demandes saoudiennes de renforcer la sécurité de l'ambassade. Les relations entre l'Arabie saoudite, sunnite, et l'Iran, chiite, évoluent en dents de scie depuis la révolution islamique iranienne en 1979. Les deux puissances sont souvent en désaccord sur les crises dans la région et s'accusent mutuellement de chercher à élargir leur influence. Elles avaient rompu leurs relations de 1987 à 1991, après de sanglants affrontements entre pèlerins iraniens et forces saoudiennes lors du pèlerinage à La Mecque en 1987. Le dignitaire de 56 ans a été exécuté samedi, avec 46 personnes condamnées pour «terrorisme», dont la majorité pour des attentats attribués au réseau Al-Qaïda. Il s'agit, selon Human Rights Watch, de la «plus importante exécution en masse» en Arabie saoudite depuis 1980. Après l'exécution de Al-Nimr, des centaines de manifestants en colère ont lancé des cocktails Molotov contre l'ambassade saoudienne à Téhéran, dans laquelle ils ont pénétré. Le feu a détruit l'intérieur de la chancellerie. Le consulat saoudien à Machhad (nord-est) a également été attaqué. L'Arabie saoudite a accusé les autorités iraniennes de n'avoir «pas coopéré» suite aux demandes saoudiennes de renforcer la sécurité autour de l'ambassade pour empêcher d'éventuelles attaques. Si la colère est particulièrement forte en Iran, des chiites ont manifesté aussi en Arabie saoudite, en Irak, au Yémen, au Liban, à Bahreïn, au Pakistan et au Cachemire indien. RI. Agences l Cheikh Nimr, 56 ans, avait été condamné à mort en 2014 pour «terrorisme», «sédition», «désobéissance au souverain» et «port d'armes». Il avait été la figure de proue du mouvement de contestation qui avait éclaté en 2011, dans la foulée du Printemps arabe, dans l'Est saoudien où vit l'essentiel de la minorité chiite, qui se plaint d'être marginalisée. Ali Khamenei : «La main divine le vengera» l «Le sang du martyr versé injustement portera ses fruits et la main divine le vengera des dirigeants saoudiens», a averti le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei. Tout en dénonçant l'exécution du dignitaire saoudien, le président iranien Hassan Rohani a jugé «injustifiables» les attaques contre les représentations saoudiennes. Plus d'un millier de personnes ont de nouveau manifesté hier à Téhéran, sans incident. Près de l'ambassade saoudienne, des manifestants ont crié «Mort à Al-Saoud», du nom de la famille régnante à Riyad, avant d'être dispersés par la police. «Grande erreur» l «En décidant de rompre ses relations (diplomatiques), l'Arabie saoudite ne peut pas faire oublier sa grande erreur d'avoir exécuté un dignitaire religieux» chiite, Nimr Baqer al-Nimr, a déclaré ce lundi Hossein Amir Abdollahian, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, selon Irna. Il a ajouté que «les diplomates saoudiens à Téhéran et à Machhad (nord-est de l'Iran) n'ont subi aucun dommage» lorsque des foules furieuses ont attaqué l'ambassade et le consulat saoudiens respectivement situés dans ces deux villes. Riyad «joue avec le feu» l Les Saoudiens «jouent avec le feu, c'est évident», estime François Heisbourg, conseiller à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) à Paris. Depuis le début du conflit au Yémen, ils sont «dans la même fuite en avant». «S'ils jugent que la confrontation avec l'Iran est inévitable, autant la provoquer au moment où les Américains sont encore là et où l'Iran est encore dans une situation économique et militaire relativement peu flambante», relève-t-il. Nasrallah dénonce «le terrorisme» saoudien l Au Liban, Hassan Nasrallah, chef du puissant mouvement chiite Hezbollah, allié de l'Iran, a condamné le «terrorisme» et le «despotisme» saoudiens. Dans un discours retransmis sur la chaîne du Hezbollah, Al-Manar, il a estimé que la mise à mort samedi du cheikh Nimr, figure de la contestation contre le régime saoudien, «dévoilait le vrai visage de l'Arabie saoudite, le visage despotique, criminel et terroriste». Le chef du Hezbollah a estimé que l'exécution du cheikh Al-Nimr «n'est pas quelque chose que l'on peut passer outre, absolument pas».