L'exécution par l'Arabie saoudite du dignitaire chiite Nimr Baqr al-Nimr a provoqué la colère de l'Iran et exacerbé la tension entre les deux pays. Le guide suprême iranien l'ayatollah Khamenei a considéré que «le sang de ce martyr versé injustement portera ses fruits et la main divine le vengera des dirigeants saoudiens». Le ton est monté entre l'Arabie saoudite et l'Iran frisant la crise diplomatique. L'exécution du cheikh chiite Nimr al-Nimr de nationalité saoudienne a suscité de vives réactions dans la province orientale d'Arabie saoudite, mais aussi dans toute la région et en particulier en Iran. Le clivage entre chiites et sunnites s'est accentué. Un clivage qui prend de l'ampleur sur fond de rivalité géopolitique entre les deux puissances régionales Iran et Arabie saoudite. La tension entre les deux pays menaçait même de dégénérer. Le ministère des Affaires étrangères iranien a demandé à la police de protéger les bâtiments diplomatiques saoudiens. A Téhéran, des manifestants en colère ont lancé des cocktails Molotov contre l'ambassade saoudienne et l'ont incendiée pour protester contre l'exécution du dignitaire chiite saoudien. Le consulat saoudien à Machhad, seconde ville du pays, a également été attaqué et incendié par d'autres manifestants en colère contre un acte considéré comme injuste. Fort heureusement, les forces de l'ordre iranien ont pu reprendre le contrôle de la situation à la fois à Téhéran et à Machhad. Quarante manifestants ont été arrêtés. Cependant Téhéran exprime sa colère. Le ministère des Affaires étrangères iranien avait estimé que Riyad soutenait le terrorisme et l'extrémisme, et dans le même temps réprimait ses opposants intérieurs. «Le gouvernement saoudien va payer un prix élevé», a affirmé le porte-parole de la diplomatie iranienne. Les autorités saoudiennes ne se sont pas fait prier pour réagir convoquant l'ambassadeur iranien. Elles considèrent que «ces déclarations sont agressives, injustifiées, et qu'elles sont une flagrante ingérence dans les affaires du royaume». Cette tension entre l'Iran et l'Arabie saoudite n'a fait que monter depuis plusieurs années sur fond de crises sévissant dans la région, en Syrie, en Irak, au Yémen ou encore à Bahreïn et au Liban. Ce nouveau sujet de discorde devrait certainement aggraver encore les relations déjà tendues entre les deux pays musulmans. Le gouvernement saoudien a rejeté les accusations iraniennes affirmant que Téhéran soutenait lui-même le terrorisme. Au Liban, l'exécution du dignitaire chiite a été vivement condamnée. Dans un communiqué, le Hezbollah a estimé que le seul crime du cheikh al-Nimr était d'avoir défendu la juste cause d'un peuple victime de la tyrannie et de l'ignorance». Le Hezbollah fait assumer aux Etats-Unis et à leurs alliés la responsabilité directe et morale de la mort du dignitaire. Il a dénoncé «la haine» des autorités du royaume, qui ont exécuté Nimr al-Nimr en même temps qu'un groupe de criminels, assurant que ce «crime» ne resterait pas impuni. Le Conseil supérieur chiite, la plus haute instance de cette communauté au Liban, a estimé que la mise à mort du dignitaire saoudien constituait «une erreur grave». M. B./Agences