Psychose n Le Burkina Faso était sous le choc après la première attaque djihadiste dans sa capitale Ouagadougou, qui a fait 29 morts, dont de nombreux étrangers. «On a peur. Celui qui n'a pas peur n'est pas normal. Ce sont des gens avec des armes», affirme Souleymane Ouedraogo qui habite près de la zone de l'attaque. «Ici, il y a l'armée, mais ailleurs...» Quatorze ou quinze étrangers, dont un enfant de neuf ans, sont morts dans le raid qui a frappé plusieurs hôtels et restaurant d'Ouagadougou, selon le bilan du ministre de la Sécurité intérieure. L'attaque a été revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui l'a attribuée au groupe Al-Mourabitoune du chef djihadiste Mokhtar Belmokhtar, selon Site, une organisation américaine qui surveille les sites internet islamistes Les forces de l'ordre étaient en action, hier dimanche, dans toute la capitale burkinabè, où la sécurité des hôtels a été renforcée. «Le ratissage continue, 129 hôtels ont été fouillés», a détaillé le ministre de la Sécurité intérieure. Les corps de trois djihadistes ont été identifiés, tous des hommes, selon lui. De nombreux témoignages font état cependant de plus de trois assaillants. Plusieurs témoins ont évoqué la présence de deux femmes, thèse que réfutent les autorités pour le moment. Sur les lieux de l'attaque, le périmètre de sécurité a été élargi et la zone n'était pas accessible. Des enquêteurs avec des gants en plastique blanc étaient visibles dans les rues autour de l'hôtel Splendid et du café-restaurant Cappuccino, principales cibles des djihadistes. Selon les autorités locales, «les djihadistes sont allés prier dans une mosquée derrière l'hôtel» avant l'attaque. Ils «sont arrivés avec trois véhicules. Et ce sont eux qui y ont mis le feu pour brouiller les indices». Selon le décompte du ministre, 4 Canadiens, 3 Ukrainiens, 2 Français, 2 Suisses, 2 Portugais et un Néerlandais ont été tués, soit 14 étrangers, ainsi que 8 Burkinabè. Parmi les sept victimes encore non-identifiées, on dénombre 3 Blancs et 4 Noirs, a précisé le procureur. Militaires et gendarmes se tenaient, hier dimanche, à distance des groupes de badauds venus sur les lieux du massacre. Plus loin, d'autres critiquent les forces de l'ordre. «Ils ont tardé pour arriver», dit un homme. Les forces de l'ordre burkinabè ont effectivement mis plusieurs heures pour s'organiser, selon des témoignages concordants. Beaucoup craignent aussi les conséquences économiques. «Les touristes étaient nos amis. C'est triste tous ces morts. Ça va être dur pour nous maintenant», affirme un vendeur de rue qui se trouvait sur l'avenue N'Krumah, théâtre de l'attaque. «Sur le plan économique, on va prendre un coup, estime un autre commerçant dans un autre quartier. C'est le mauvais moment, parce qu'on sort d'une crise qui nous a franchement affaiblis sur tous les plans.» Fin 2014, un soulèvement populaire a chassé Blaise Compaoré du pouvoir et conduit à une année de transition politique difficile sur le plan économique et émaillée par une tentative de putsch dans ce pays sahélien très pauvre de 18 millions d'habitants.