Production n Comme annoncé dans nos précédentes éditions, l'avant-première du film «Mémoires de scènes» a eu lieu hier à la salle El Mougar. Abderahim Laloui acteur de profession est passé derrière la caméra pour la réalisation de son premier long métrage «Mémoires de scènes». Le cinéaste fait revivre à l'écran la tragédie algérienne à travers le monde artistique et culturel. Non pas qu'il ait occulté les malheurs de la population de la décennie noire, mais il a braqué son objectif sur la situation des hommes de lettres et des artistes en général, dont l'arme était de continuer à ne pas laisser s'éteindre la flamme du monde culturel. Le thème, explique Abderahim Laloui, lui tenait à cœur, car il s'inscrit dans le livre de la mémoire algérienne. Un témoignage sur une période douloureuse résultant d'un choix religieux et politique de certains individus. C'est à Sétif que se déroule l'histoire. Des intellectuels, hommes et femmes évoluant dans des espaces professionnels divers sont pris par l'appel des planches. Un journaliste, des enseignantes, en l'occurrence l'épouse de celui-ci, un conducteur de bus, des comédiens amateurs de tous âges , sous la direction de Azzedine le rédacteur, répètent une pièce de Molière, «Tartuffe». Entre leur travail, les responsabilités familiales, un climat de violence au quotidien, la troupe amateur animée par un sentiment de survie ne baisse pas les bras. Il faut coûte que coûte que le spectacle vienne à être joué au théâtre de la ville. Les menaces surgissent de toutes parts. Le maire décide de leur interdire de monter sur les planches, les affiches annonçant la pièce sont arrachées, des lettres d'intimidation sont envoyées au journaliste et la mort frappe de plein fouet la population. Abderahim Laloui convie le spectateur à une séquence-fiction où l'on assiste à une lecture poétique de Tahar Djaout. La séquence est fortement symbolique, puisque le journaliste et écrivain a entamé la sinistre liste des intellectuels assassinés. Un retour sur les circonstances douloureuses de sa mort et celle du dramaturge Alloula. Le regard du cinéaste est également porté sur le rôle courageux de la femme en ces années 90, montrant une jeune femme pilote d'avion, en l'occurrence la fille du journaliste et comédien. Une plongée en ces années noires où chaque jour les libertés sont confisquées et où chaque jour l'on résiste face au chaos. Il faut saluer Laloui pour sa ténacité à faire ce film. Pour parler avec ses tripes sur cette première production qui, reconnaît-il, ne manque pas de faiblesses. Il faut reconnaître également la portée mémorielle rejoignant l'attachement à la terre d'Algérie du film. Nonobstant ceci, le film se référant au théatre avec des scènes d'intérieur, un espace fermé et au cinéma avec tout ce que cela conçoit comme images mobiles laisse apparaître des lourdeurs techniques, des temps morts. Il nous fait redécouvrir mais pas voyager. Rappelons les propos courageux de Monsieur Laloui concernant ce premier pas engagé dans le 7e art «J'ai fait un film modeste…» Leila N Fiche Technique Titre : «Mémoires de scènes» Genre : drame Réalisation : Abderahim Laloui et Ahmed Benkemla Scénario : Ahmed Laloui Durée : 110 mn