Structurer la mémoire collective et la nourrir, d'autant plus de sentiment national que les historiens s'acquittent d'un devoir de connaissance et de vérité à l'égard des jeunes générations. En cette 41e édition du Festival national du théâtre amateur de Mostaganem, il est impossible que le souvenir de ceux qui l'ont organisé ne soit pas évoqué. Ils étaient une poignée d'artistes patriotes que la même vague a emporté d'un mouvement irrésistible là où l'honneur solidaire leur imposait un sacrifice commun. Que Dieu accueille ceux qui sont morts en Son Vaste Paradis et qu'Il accorde santé et longue vie aux rares survivants. Il y a dans l'histoire de chaque pays des événements fondateurs qui contribuent à structurer la mémoire collective et la nourrir, d'autant plus de sentiment national que les historiens s'acquittent d'un devoir de connaissance et de vérité à l'égard des jeunes générations. Parmi les noms des grands comédiens, figurent ceux de Mustapha Sahnoun, El Hadi R'djab, Abdelaziz Boudia, Abdelkader Ben Moukadem, Abdelkader M'zadja, Mahfoud Belayachi, Ali Bouzaboudja et Sid-Ahmed Hadjar. Cet hommage, en présence des autorités locales, des cadres du secteur de la culture et d'hommes du 4e art, est rendu, à la fois à la mémoire des artisans du 4e art, et constitue un éclairage sur les circonstances historiques de son déroulement par les organisateurs à leurs aînés, jeudi dans la soirée. Ces derniers, qui ont largement contribué à la naissance et à la survie de ce Festival national du théâtre amateur de Mostaganem, tels que les comédiens de la troupe El Garagouz de Mostaganem qui ont su garder sa notoriété, vu son parcours qui n'est pas des moindres, car il est le deuxième ancien festival au monde après celui d'Avignon. Pour le commissaire du Festival, M.Djamel Ben Saber, les siens ont pensé à lui rendre hommage en l'honorant symboliquement d'un «burnous d'or» pour ses sacrifices consentis à garder et sauvegarder cet événement qui est à sa 41e édition. Ce sera l'occasion de se rappeler, pour toujours, la contribution exceptionnelle de Kaki durant son riche parcours. El Hadi R'djab, le plus jeune comédien de la troupe du FLN, a pu émouvoir à travers les présents avec un répertoire de chansons patriotiques. La deuxième partie du programme de la soirée de jeudi était la représentation de la pièce Abouab El Mahroussa de l'association Achbal Aïn Benian de Hocine Taïleb et mise en scène par Abbas Mohamed Islam. Cette 41e édition continue son parcours. La journée de mercredi a vu les représentations de deux troupes, en l'occurrence la troupe des ateliers des planches d'or du théâtre universitaire de Sidi Bel Abbès, dans la pièce intitulée Tartufe, écrite (adaptation) et mise en scène par Bouadjadj Elias Ghalem. Ce travail est extrait de l'oeuvre du grand auteur de comédies, Molière. La troupe des ateliers des planches d'or du théâtre universitaire de Sidi Bel Abbès s'est fixé des objectifs qu'elle entend réaliser dans le cadre de son programme, entre autres, la promotion de la culture et du savoir, au sein de sa localité, en particulier, et au niveau de la wilaya, en général. La création d'un lieu de réflexion et de débat, la stimulation par de nouvelles expériences individuelles et collectives qui contribuent à définir ce que nous sommes et qui génèrent l'autodéveloppement est plus qu'important. La pièce traite dans le même sens de la réalité dans notre pays. Tartufe, avec son opportunisme et sa trahison, réincarne la dure réalité des individus, exploitant la religion à des fins personnelles. Un fléau qui laisse la société, depuis longtemps, plongée dans une profonde léthargie. Il est temps que les pouvoirs réagissent. Plus tard, dans la soirée, la troupe de Mostaganem a donné la réplique avec une représentation intitulée Diwan Laklam de Othmani Mokhtar et une mise en scène collective. Dans la pièce, les comédiens réincarnent, sous diverses facettes, le marasme culturel qui dure, depuis longtemps, en raison de plusieurs facteurs se rapportant au manque de volonté politique. Les intellectuels privés de leurs droits fondamentaux, demeurent à leurs postes en serrant les dents. Pour un temps, sont conservés là les germes d'une relance possible, mais dans un silence accablé, avec une énergie qui est un peu celle du désespoir. Les intellectuels partisans d'une politique des droits ne pourraient probablement pas accepter cette ingratitude, et ce par crainte pour les principes au nom desquels ils se sont souvent et si durement battus.