Quand on se rencontre, la première chose qu'on fait, c'est demander des nouvelles : de l'interlocuteur, bien sûr, mais aussi de ses proches. Kif rrak ? (Comment vas-tu ?) et kif rakum ? (comment allez-vous ?). On dit aussi kifach da'wa ?, expression idiomatique, donc difficilement traductible, da'wa signifiant «invocation» mais ici pris au sens de «situation», donc «Comment est la situation ?». Wach leh'wal ? (Comment vont les affaires ?) est plus familière : c'est l'expression favorite des jeunes, qui s'interpellent ainsi. Le berbère emploie une expression plus simple : amek tellam ? (comment allez-vous ?), amek tellid' ? (comment vas-tu ?). Quand la «situation va bien», on s'empresse de répondre : la-bass, la-bass, expression signifiant «ça va, ça va», littéralement «il n?y a pas de mal». On emploie souvent l'expression française «ça va ?» et parfois, les deux, la française et l'arabe : ça va la-bass. Mais la-bass reste le plus employé. La-bass c'est donc ça va, mais souvent, c'est juste une réponse qui ne réfère pas forcément à la situation : on répond la-bass même quand ça va maI. C'est seulement après coup qu'on dit qu'on a des problèmes : wallah ghir chouia (par Dieu, ça ne va pas fort !). On dit aussi : wallah ghir machi la-bass ! (par Dieu, ça ne va pas du tout !) ou alors : lh'ala ma techkur-ch ! de même sens, littéralement : la situation n'est pas à féliciter ! En kabyle aussi, on aime l'association de termes contradictoires pour produire un effet dramatique : terwi la-bass (tout va mal mais ça va bien !). La-bass n'est qu'une formule pour répondre ; elle est totalement vidée de son sens. L'interlocuteur comprend tout de suite le sens de ces formules : il s'inquiète aussitôt et demande ce qui ne va pas : wach kayène ? (qu'y a-t-il ?), wach bik ? (qu'est-ce que tu as ?) ou alors ghir el-khir (que du bien !), sorte de formule propitiatoire pour conjurer le malheur !