«L'envie de connaître de nouvelles sensations me tente.» «Le Mondial, j'y pense tout le temps, mais c'est pas moi qui décide.» C'est au onzième étage de l'hôtel Radison Blu de Tripoli que nous sommes allés à la rencontre du capitaine de la JSK, Rabie Meftah. Installé dans un balcon aux attraits de véranda de la suite 1120, l'arrière droit de la sélection a dit les choses honnêtement, telles qu'il les ressent. La qualification, le Mondial et son avenir à la JSK. S'il ne sait pas s'il va partir, il ne dit pas non plus qu'il va rester. Suspense, suspense !
Grasse matinée pour tout le monde ce matin, vous aviez sans doute besoin de récupérer du match d'hier soir ? Absolument. On a eu droit à une heure de sommeil de plus que d'habitude. J'aurais pu dormir jusqu'à midi ! (rires), mais c'est les consignes. Il fallait être là pour le petit déjeuner. Mais c'est avec plaisir. La joie est là. La bonne humeur aussi. On s'est levés sans ronchonner, quoi. L'émotion est toujours perceptible chez vous… Normal ! On a qualifié l'Algérie. Après, c'est un championnat de moindre envergure, mais cela importe peu. Le défi a été relevé. On était venus pour la qualification et on l'a eue. Sincèrement, lorsque je revoie les larmes des joueurs après le match, je me dis qu'on a réussi quelque chose de bien. Je ne sais pas ce que j'aurais ressenti si j'avais été dans le groupe qui avait qualifié l'Algérie au Mondial, mais là, il y a de la fierté, c'est certain. Un sentiment du devoir accompli aussi. Ça s'est joué sur un détail, un but dans les arrêts de jeu, c'était pénible pour les nerfs, non ? Pas tant que ça. On était convaincus qu'on allait marquer ce petit but qui allait nous qualifier. On n'était pas venus pour défendre. Loin de là. Il n'y a qu'à voir notre organisation de jeu. On s'était préparés pendant toute la semaine sur les situations offensives. Après, c'est vrai que ce but, il est venu très tard, mais cela donne un peu plus de goût, à mon avis, à cette qualification. On a senti des moments de flottement avant le premier et le deuxième but, vous ne vous êtes pas dit que c'était cuit ? Jamais ! Moralement déjà, on s'était préparés à ce scénario. Le coach nous a même dit que si on encaissait un deuxième but, il faudrait quand même s'accrocher jusqu'au bout. Techniquement, on avait les moyens de renverser la situation, c'est ce qui nous a fait tenir jusqu'au bout. La présence du sélectionneur national constituait-elle une motivation ? Naturellement. On était déjà contents qu'il ait pris la peine de venir jusqu'ici pour nous voir. C'est un signe de considération. Il nous a motivés par sa présence. C'est sûr. Vous ne vous êtes pas dit qu'il est là, donc je dois réussir mon match pour le convaincre ? Pas spécialement. Je n'ai pas fait de calcul. J'avais un match à jouer et c'est sur ça que je me suis focalisé. Je n'ai pas joué pour plaire à quiconque, mais pour l'Algérie. Pour cette qualification. Imaginez que j'aie sorti un gros match et qu'on soit éliminés, ça vaut quoi ça, hein ? Rien ! J'ai joué pour l'équipe. Sincèrement, maintenant que la qualification est acquise, vous dites-vous au moins “j'ai réussi mon match” ? C'est pas à moi de le dire. J'ai peut-être bien joué. J'ai ce sentiment, je ne le cache pas. J'ai fait le boulot comme on me l'avait demandé. J'ai essayé d'apporter ma propre touche, le reste ce n'est pas à moi de me juger. En tous les cas, vous avez fait mieux qu'au match aller... C'est certain. Et je vais vous dire pourquoi. A Koléa, il y avait très peu d'espaces. Ils ont joué de manière à couper tous les circuits de jeu. Ils s'étaient écartés sur les ailes et ils ont joué sur ça. Hier, c'était différent. Le jeu était plus débridé. Il y avait plus de perspectives de jeu. C'est ça qui a fait qu'on ait tous réussi à tirer notre épingle du jeu. Subsiste-t-il un espoir chez vous d'aller en Coupe du monde ? Je l'espère. Je ne vais pas dire que j'irai à coup sûr. Ce serait bête ! Pour être franc, je ne le sais pas. J'attends de voir. Il y a un coach qui décide. C'est lui qui voit. Moi, je suis à sa disposition. Après tout, c'est une question de mektoub. Du coup, je ne me casse pas trop la tête avec ça. Il y a aussi votre avenir à la JSK qui est en suspens, on vous annonce sur le départ, qu'en est-il au juste ? Pour le moment, il n'y a rien. J'ai une saison à finir. Après, personne ne sait de quoi sera fait demain. Je ne sais pas. On verra bien en fin de saison. Est-ce qu'à un moment ou un autre, l'envie de partir s'est fait ressentir ? Oui ! Cela pourrait surprendre, mais oui j'ai eu envie de partir. Pourquoi ? Pour aller où ? J'ai envie de passer à autre chose. Passer un cap, si vous voulez. C'est un tout en fait. Il y a l'ambition de jouer à un autre niveau. De vivre de nouvelles sensations. J'ai mes raisons en gros qui font, qu'en effet, j'ai ressenti ce besoin d'aller voir ailleurs. Au-delà de l'ambition, vous dites que vous avez des raisons qui vous poussent à vouloir partir, de quoi s'agit-il ? De trucs personnels. Je n'ai pas envie d'en parler ici. Ça peut être insignifiant devant l'ambition de jouer à un autre niveau, mais ça se ressent. Ça se vit. Du coup, l'envie est plus grande. Y a-t-il un club que vous vous dites “ç'uilà, c'est fait pour moi, je me verrai bien y jouer” ? Pas spécialement. Je ne sais pas, sincèrement. Ça cogite encore. Et puis avec les matchs qui nous attendent, j'ai mis ça entre parenthèses. Peut-être que d'ici à juin, ce sera plus clair dans ma tête. Serrar vous drague depuis l'année dernière… (il rit), allez-vous lui dire oui, cette fois ? Ça ne se pose pas comme ça. Ça se pose comment, alors ? Beaucoup de personnes ont interprété ses éloges comme un appel du pied, si vous voulez, alors que c'est faux. Il ne m'a jamais offert deux milliards comme je l'ai entendu dire çà et là. C'est des conneries, tout ça ! On lui a demandé son avis sur moi, il a répondu et ça s'arrête là. J'ai apprécié ce qu'il a dit à mon sujet, d'autant que ça vient d'un ancien international, mais sans plus. Et la JSMB ? Kif-kif ! Peut-être que là il y a eu des touches, mais ça s'est arrêté là. Même eux n'auraient pas osé venir négocier en pleine saison. Il n'y a jamais eu de négociations, ni d'offres. Juste un intérêt avoué. Je dirai plus une admiration pour ce que je fais, sans pour autant me vanter. Si un club vous offre le challenge sportif et un gros pactole, vous répondrez quoi ? Je réfléchirai par deux fois, c'est certain.