Rendez-vous n Le coup d'envoi de la 6e édition des Journées cinématographiques d'Alger (JCA) a été donné jeudi à la Cinémathèque par le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi. Au programme de cette soirée inaugurale, la projection d'«Un métier bien», un court métrage réalisé par le cinéaste franco-algérien Farid Bentoumi. Le film, traversé par un humour intelligent, raconte l'histoire d'un jeune franco-algérien résidant en France et vivant de petits commerces et qui promet à sa mère, sur son lit de mort, de trouver un métier convenable et commence à enchaîner les emplois sans vraiment savoir ce qui lui conviendrait. Il se retrouve vendeur dans une boutique pour femmes voilées. Sa sœur poursuit ses études universitaires. Son père essaye d'oublier son chagrin en consommant abusivement de l'alcool. Quant à la journée de vendredi, elle a été marquée par la projection de deux documentaires. Le premier a pour titre «Hier, aujourd'hui et demain», signé Yamina Bachir-Chouikh. Ce film est dédié au travail des femmes et à celui du mouvement des femmes musulmanes pendant la guerre de Libération nationale. Constitué d'une succession de témoignages, ce film dévoile l'adolescence de moudjahidate, privées d'enfance et de jeunesse, qui ont pris conscience de l'atrocité du système colonial et de la nécessité de s'engager activement dans le combat pour la liberté, à l'exemple de Nassima Hablel, Lucette Hadj Ali, Houria Abid ou encore Hassiba Abdelwahab. Par des images d'archives, la réalisatrice rend également hommage aux jeunes femmes qui ont pris part à la Bataille d'Alger, en posant des bombes, en hébergeant des combattants, en cachant des armes ou des médicaments. Le second documentaire, projeté dans le cadre des JCA, a pour titre «At (h)ome» de la réalisatrice franco-algérienne Elisabeth Leuvrey. Le film se veut un retour par l'image et les témoignages sur le drame nucléaire de 1962 dans la localité d'In Ekker au nord de Tamanrasset. Accompagnée du photographe Bruno Hadjih, la réalisatrice revient sur les lieux de ce qu'on appelle aujourd'hui «l'accident de Béryl», le plus grave essai nucléaire manqué dans cette région du monde, survenu le 1er mai 1962 lorsque la France réalisait son second essai nucléaire souterrain dans le massif granitique de Taourirt Tan Afella. Comptant beaucoup plus sur les clichés du photographe et des enregistrements sonores, le documentaire revient sur les lieux de la base «Oasis 2» pour montrer l'étendue des dégâts encore visibles dans la région dus aux laves et aérosols radioactif projetés par l'explosion. Cette manifestation, initiée par l'association «A nous les écrans», et se poursuivant jusqu'au 8 février, a rendu, lors de l'ouverture, un hommage à feu Abdou B. — Abdou Benziane de son vrai nom, disparu en 2011— fondateur de la revue «Les 2 écrans», consacrée au 7e art, et qu'il a dirigée jusqu'en 1983, et ancien directeur général de la télévision. Un trophée symbolique a été remis à son épouse, Naïma, très émue. Le programme de ces Journées , toujours riche, prévoit aussi des conférences et des échanges entre les différents acteurs du 7e art. Plus d'une quarantaine de films de 10 pays (Algérie, France, Qatar, Suisse, Maroc, Liban, Tunisie, Egypte, Irak, Etats-Unis d'Amérique) sont programmés. Ils seront soumis à l'appréciation d'un jury composé de Mostefa Djadjam (président), Didier Boujard (producteur), Jean Asselmeyer (cinéaste), Jihane Kamal (comédienne), Larbi Benchiha (cinéaste), Elheim Seif Edine (critique), Abdelkrim Gabous (critique). Yacine Idjer l Créées en 2009, les Journées cinématographiques d'Alger (JCA) se veulent un rendez-vous incontournable et, au fil des éditions, elles sont devenues une tradition très attendue par les cinéphiles et les professionnels du secteur. S'inscrivant toujours dans une démarche de dialogue interculturel et réputée pour sa convivialité, cette manifestation est désormais «un véritable carrefour culturel et un espace de rencontre, entre l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient». Les Journées cinématographiques d'Alger offrent l'occasion de promouvoir une démarche de dialogue interculturel entre les créateurs venus d'horizons divers, d'installer l'échange et le partenariat entre les cinéastes algériens et les créateurs venus d'ailleurs. Pour cette présente édition, les JCA ont inscrit dans leur programme un concours du scénario, en partenariat avec le ministère de la Culture et l'Onda. Salim Agar, président de l'association «A nous les écrans», estime que cette manifestation, dédiée notamment aux jeunes réalisateurs algériens, «reste le festival majeur pour la nouvelle génération et chaque année». «Ces journées ont lancé la carrière de nombreux jeunes et nouveaux cinéastes algériens et ont permis à d'autres de s'illustrer dans le paysage cinématographique algérien», dit-il.