Quotidien n Personne n'a été épargné par Boko Haram, pas même les morts. A Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria, où le groupe islamiste a lancé son insurrection armée il y a sept ans, les cimetières, débordés et saccagés, ont dû accueillir les victimes et leurs bourreaux. «Ils se sont mis à détruire celle-là», raconte Babagana Modu, en montrant la tombe d'un imam reconnu, un monticule de terre cuite et de sable. «Nous avons essayé de les en empêcher. Mais ils étaient armés et nous non. Nous n'avions que nos pelles», regrette ce fossoyeur d'une trentaine d'années. Des histoires, les fossoyeurs du cimetière de Gwange, le plus grand de Maiduguri, en ont beaucoup à raconter. Elles font toutes froid dans le dos. Leurs récits font ressurgir les camions qui déversaient régulièrement les corps dans un coin de ce cimetière musulman. Certaines victimes y ont même été emmenées vivantes pour être exécutées sur place, au cimetière. «Au plus fort de l'insurrection, 200, 300, 400 corps étaient jetés là. Parfois, les bennes du département sanitaire déposaient trois chargements entiers de corps par jour», se souvient M. Modu. «Et s'il y en avait encore, ils revenaient le jour suivant. On ne pouvait même plus emprunter la route devant le cimetière, tellement ça empestait». Les violences de Boko Haram ont fait au moins 17 000 morts dans le nord du Nigeria, majoritairement musulman, depuis 2009. Durant les affrontements qui ont opposé Boko Haram aux forces de l'ordre, cette année-là, et qui marquent le début de l'insurrection, quelque 800 islamistes présumés ont été exécutés en une poignée de jours. Depuis quelques mois, les attaques sont devenues plus rares dans la ville. La contre-offensive menée par l'armée a repoussé les islamistes loin des grandes agglomérations. «Avant, on recevait 20, 30 corps par jour», explique M. Ali, 60 ans, reconnaissant qu'à un moment donné, le cimetière était presque plein. «Là on est descendus à cinq ou 10, et la plupart sont des morts naturelles (...) cela montre qu'il y a une relative accalmie à Maiduguri». Les 22 jeunes en maillot de football usé et tongs qui sont sous ses ordres sont tous des bénévoles. Certains ont appris le métier de fossoyeur avec leur père, dès le plus jeune âge, et ne savent pas faire grand-chose d'autre. Ils creusent des tombes dans la terre aride, abattent des arbres pour recouvrir les corps de bois et fabriquent les moules de terre cuite qui servent de pierres tombales. Des monticules de terre de trois mètres de long recouvrent les dépouilles des adultes, ceux des enfants sont plus petits. Tous sont orientés vers La Mecque, à l'Est. Les proches des défunts parcourent les allées de margousiers. Seul le chant des oiseaux, le bêlement des chèvres viennent perturber le silence du recueillement. R.I./ Agences Quatre morts hier dans une attaque de villagesl Quatre personnes ont été tuées dans l'attaque de deux villages attribuée au groupe islamiste Boko Haram dans l'Etat de Borno, dans le nord-est du Nigeria, ont annoncé, hier samedi, des responsables locaux et des habitants. Les assaillants qui circulaient à moto ont attaqué deux communautés, tirant sur la population et incendiant des maisons. Trois femmes et un homme ont été tués dans le village de Mairi, ont précisé ces sources. Ces assauts interviennent une semaine après une attaque similaire de militants présumés de Boko Haram contre le village de Dalori, proche de la capitale régionale Maiduguri, qui a fait au moins 85 morts.