Résumé de la 345e partie n Desmond pensait que ses parents allaient être furieux et humiliés. Or, il n'en était rien. ils étaient, au contraire, fiers de leur fils. Adrian cligna des paupières, l'air confus. — Mais où diable es-tu allé chercher une idée pareille ? — Je l'ai lu dans une lettre, explosa Desmond. Une lettre que tu as écrite à ma mère, il y a vingt-cinq ans! Dans ta lettre, tu disais qu'il n'y a rien de pire pour un père que d'avoir un loser pour fils. Un silence pesant tomba sur l'assistance tandis que les parents de Desmond échangeaient un regard ahuri. Il y avait de la stupéfaction sur le visage d'Adrian. Puis, au bout d'un moment, comme si la lumière jaillissait soudain, son visage hâlé s'éclaira et il dit : — Ah, oui, je me souviens. Mais, Desmond, il ne s'agissait pas de toi. Je parlais de moi dans cette lettre et de mon père ! Le moment était venu pour moi de prendre la parole, car je savais quels étaient les sentiments d'Adrian à l'égard de son père. — Gideon ne t'a jamais considéré comme un loser, m'interposai-je. C'est une impression que tu avais. Mais moi je sais que Gideon t'aimait et qu'il était fier de toi. — Harmonie, répondit Adrian, avec une voix contrite de petit garçon, lui aussi. Est-ce que tu sais ce qui arrive aux plantes qui poussent à l'ombre ? — Il y en a certaines qui fleurissent. — Quand j'avais sept ou huit ans, j'ai été fier d'apprendre que père avait construit une route pour per-mettre l'évacuation de réfugiés. Quand j'avais dix ans, des journalistes sont venus à la maison pour l'interviewer, et moi je paradais comme un coq pendant qu'il répondait à leurs questions. A douze ans, une équipe de Life Magazine est venue chez nous pour le photogra-phier, et je me suis dit : «Un jour je serai comme lui.»Ensuite, quand j'ai eu treize ans et que j'ai appris qu'il avait gagné des médailles à la guerre, je me suis promis que j'essayerais d'en faire autant. Mais plus tard,lorsqu'il est passé à la télévision, j'ai commencé à douter de pouvoir jamais l'égaler. Jusqu'au jour où j'ai compris que je ne serais jamais comme lui. — Mais ce n'est pas Gideon qui est responsable, lui rappelai-je, c'est une idée qui a germé dans ta tête. De même (là, je me tournai vers Desmond) que tu as lu une lettre qui ne t'était pas destinée, et que tu l'as interprétée de façon erronée. Résultat, tu as construit ta vie tout entière sur un malentendu. Un autre silence s'abattit sur l'assistance, rempli cette fois d'une multitude de points d'interrogation. Même l'agent Knight, cet homme solide comme un roc, semblait déconcerté tandis que son regard scrutait les bulles roses qui flottaient dans le palmier transparent, comme s'il cherchait à trouver la place qui lui revenait dans cette tragédie. A suivre