L'ancien Premier ministre, Faustin-Archange Touadéra, a été élu président de Centrafrique, a annoncé hier, samedi, l'Autorité nationale électorale (ANE). Selon les résultats du second tour de la présidentielle publiés par la présidente de l'ANE, M. Touadéra, 58 ans, a recueilli 62,71% des suffrages, contre 37,29% pour son rival, Anicet-Georges Dologuélé, qui a reconnu sa défaite. Dernier Premier ministre de l'ex-président François Bozizé, renversé en 2013 par la rébellion Séléka, M. Touadéra a obtenu 695 059 voix, contre 413 352 à M. Dologuélé, selon l'ANE. Ces résultats doivent être validés par la Cour constitutionnelle de transition. La participation au niveau national n'a pas été aussi forte qu'attendu par les responsables politiques centrafricains, malgré la volonté affichée des électeurs à Bangui lors du second tour dimanche dernier de voter en masse pour élire enfin un Président après de nombreux reports, et tourner la page des violences. Sur 1 954 433 électeurs inscrits, 1 153 300 ont voté, pour 1 108 411 suffrages exprimés, selon l'ANE, soit un taux de participation de 61%. A pied, sur des motos, dans des voitures et des camions portant des portraits du candidat, criant, chantant, sifflant, ils ont parcouru les principales avenues jusqu'à la nuit tombante. «Touadéra, c'est la force tranquille des enseignants qui s'est révélée au grand jour. Les enseignants constituent une puissance dans ce pays», s'enthousiasmait une enseignante. «C'est le candidat du peuple. Il était avec nous sur le site de l'aéroport quand les ex-Séléka terrorisaient la population civile. Pendant que les autres se gavaient de poulets fumés et de vin rouge en France et dans d'autres pays européens. Nous allons le soutenir jusqu'au bout», affirme Edouard Pounawala, conducteur de taxi-moto. D'un naturel effacé et modeste, M. Touadéra, mathématicien de formation et enseignant, a la réputation d'être un «bosseur». D'ailleurs, pendant qu'il était Premier ministre, il n'a pas cessé d'enseigner à l'université de Bangui. Mais l'état de grâce risque d'être de courte durée pour lui. Il est en effet confronté à une tâche herculéenne : remettre sur les rails un pays meurtri et déchiré, à l'instabilité chronique, à l'économie dévastée et dont l'administration a disparu dans des régions entières, sous la coupe de bandes armées depuis des années. Il aura ainsi la lourde charge de redresser un pays parmi les plus pauvres de la planète, qui a sombré dans le chaos après les tueries intercommunautaires de 2013-14.